Dans l’une des premières scènes du film, l’institutrice Lucie Aubrac (Carole Bouquet, moyennement crédible avec son phrasé Chanel) explique doctement à sa classe de petites filles que « c’est en sachant d’où l’on vient que l’on peut savoir qui l’on est ». Les intentions du metteur en scène/instituteur Claude Berri sont donc claires : il va faire […]
Dans l’une des premières scènes du film, l’institutrice Lucie Aubrac (Carole Bouquet, moyennement crédible avec son phrasé Chanel) explique doctement à sa classe de petites filles que « c’est en sachant d’où l’on vient que l’on peut savoir qui l’on est ». Les intentions du metteur en scène/instituteur Claude Berri sont donc claires : il va faire oeuvre pédagogique. Malheureusement, son film tient plus du catalogue de vignettes que du cours magistral ou alors, c’est une leçon d’histoire en images simplifiées pour classe de cm1. La faute au scénario qui privilégie le geste d’amour certes magnifique d’une femme qui sort l’homme qu’elle aime des griffes de la Gestapo aux raisons certes complexes qui font que cet homme est emprisonné. Pas grand-chose des tenants et des aboutissants historiques et politiques de cette situation. Simplement des instantanés photogéniques : un beau couple d’amoureux, un homme qui croupit en prison, des embrassades émues pour des retrouvailles tardives… Voilà un film où il se passe plein de choses (sabotages, arrestations, torture, évasion…) et où il ne se passe rien (pas un gramme d’émotion, un morne feuilletage de pages de papier glacé). Au moins échappe-t-on ici au pompiérisme qui rendait indigeste Germinal, le précédent film de Claude Berri. Dans la séquence sèche et nerveuse de l’arrestation des résistants à Caluire, précédée de plusieurs voyages mystérieux en funiculaire, Berri arrive même à évoquer L’Armée des ombres du maître Jean-Pierre Melville. Il faut saluer le travail du directeur de la photographie Vincenzo Marano, qui dote le film d’une élégante unité visuelle, entre gris anthracite et (vert de) gris souris. Mais cet écrin prestigieux s’avère bien vide. Ceux qui avaient vu en Claude Berri un anar de droite à la sortie d’Uranus peuvent se rassurer : ce n’est pas avec Lucie Aubrac qu’il va secouer le cocotier. Point d’ambiguïté ici : les bons à gauche, les méchants à droite et la caméra au milieu. Ce souci d’illustration vide le film de toute substance et il n’est même pas sûr qu’il puisse remplir son but didactique. Le carton final, signé Lucie Aubrac, précise qu’elle cautionne le film parce que Claude Berri a apporté son soutien à la Fondation de la Résistance. On ne saurait être plus clair.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}