Ce film a reçu la Caméra d’or au dernier Festival de Cannes, ce qui lui vaut une petite réputation. Les plus énervés citent même David Lynch. La concomitance des sorties de Love serenade et de Lost highway, le dernier Lynch, permet une comparaison assez cruelle pour le premier. Un film qui pourrait s’appeler Un Poisson […]
Ce film a reçu la Caméra d’or au dernier Festival de Cannes, ce qui lui vaut une petite réputation. Les plus énervés citent même David Lynch. La concomitance des sorties de Love serenade et de Lost highway, le dernier Lynch, permet une comparaison assez cruelle pour le premier. Un film qui pourrait s’appeler Un Poisson nommé Ken. Le générique métaphorique figure en effet un gros poisson abusé par un hameçon anodin. Or, en débarquant à Sunray, bled perdu dans le désert australien, Ken Sherry, animateur-vedette de la radio locale, ne se rend pas compte que les filets amoureux tendus complaisamment par ses deux voisines vont s’avérer piégés. Il croit profiter de deux sœurs un peu naïves. Il va se faire ferrer sans coup férir. Shirley Barrett filme l’ennui provincial sans invention, ne parvient pas à donner le moindre rythme à son film. Mais, comme Lynch, elle voudrait faire planer sur cette histoire l’ange du bizarre. Ainsi Ken est pourvu de branchies, détail surréaliste qui confirme l’hypothèse poissonnière. Cette fantaisie arrive cependant bien tard dans le film et surtout, complètement débordée, Shirley Barrett ne sait pas du tout quoi en faire elle finira par filmer Ken plongeant dans la rivière pour aller nager avec ses condisciples. C’est laborieux, pauvre, là où le regard de Lynch est pointu, inventif, brillant. Il angoisse le spectateur naturellement, alors que Barrett ne parvient pas à dépasser le vouloir-dire (merci Jean-Luc) du dérangeant. Mais comparaison n’est pas raison. On cherchera donc plutôt à saluer les qualités propres à Love serenade : un sens de l’humour discret mais assez efficace (lorsque les deux sœurs se rendent compte qu’elles se disputent un homme qui ne leur convient ni à l’une ni à l’autre, elles décident de le liquider cette décision et son exécution sont des passages joyeusement roboratifs), des comédiens impeccables, quelques jolies images du désert australien et une BO seventies au petit poil. Une petite playlist pour la route : Love serenade, la chanson-titre, par Barry White, The Hustle par Van McCoy, et surtout My coo ca choo par Alvin Stardust.
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