L’histoire de l’Afghanistan vue par les yeux d’un orphelin. Une réflexion sur la force de l’imaginaire qui peine à s’accomplir totalement.
A la fin des années 1980, les rues de Kaboul regorgent de salles de cinéma. Profitant de cet âge d’or paisible, un garçon des rues troque des tickets avant d’être pris la main dans le sac et placé dans un orphelinat. Cette histoire n’est pas celle de Shahrbanoo Sadat, cinéaste afghane de même pas 30 ans, mais celle de son cousin. Inspiré de ses journaux intimes, le film adopte le regard de cet alter ego miniature pour retracer les mutations d’un pays, à la veille de son embrasement.
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Un récit choral qui noie l’essentiel
Il y a quelque chose de poignant à observer une jeune cinéaste investir un temps inconnu d’elle même et chercher dans les images qu’elle recompose les indices qui lui permettraient de cerner plus nettement les mystères d’un temps de guerre actuel, le sien. Cette quête, cet abandon dans l’imaginaire sont aussi ceux de l’orphelin. Abreuvé de films bollywoodiens, le garçon se raconte des récits enchantés et épiques qui hébergent, comme le ferait une forteresse, ses émotions, les plus belles (un regard amoureux échangé avec une fille) et les plus atroces (la mort d’un ami). La fiction comme refuge…
L’idée n’est pas neuve mais toujours attachante, comme l’est cette fratrie inventée et cosmopolite que la cinéaste filme avec une vraie attention. Pourtant, ici, peu de choses s’impriment en profondeur. Le film, à la manière de son héros, bientôt noyé dans un récit choral, semble chercher un point d’ancrage sans jamais le trouver, nouant et dénouant des séquences de groupe et de rêve pour constituer un bloc qui, malheureusement, se désagrège trop vite.
L’Orphelinat de Shahrbanoo Sadat avec Qodratollah Qadiri, Sediqa Rasuli, Anwar Hashimi (Afg., All., Dan., Fr. Lux., 2019, 1 h 30)
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