Un chef-d’œuvre inédit du muet : le premier film de vampires, réalisé en 1927 par Tod Browning, et disparu dans les années 60, reconstitué ici à partir d’images fixes. Hommage lumineux à la présence de Lon Chaney. C’est un film mythique. D’abord, parce que son unique copie a brûlé dans les années 60 lors d’un […]
Un chef-d’œuvre inédit du muet : le premier film de vampires, réalisé en 1927 par Tod Browning, et disparu dans les années 60, reconstitué ici à partir d’images fixes. Hommage lumineux à la présence de Lon Chaney. C’est un film mythique. D’abord, parce que son unique copie a brûlé dans les années 60 lors d’un incendie dans les studios de la MGM. Depuis, il était sur la liste des dix films disparus les plus recherchés par le célèbre American Film Institute. Malheureusement, London After Midnight a bel et bien péri dans les flammes, et ce que diffuse TCM aujourd’hui n’est qu’une reconstitution, due à Rick Schmidlin : à l’aide du scénario original, il a monté bout à bout plus de deux cents photos de plateau, pour une durée de 43 minutes, soit vingt minutes de moins que l’original. La première impression est donc la déception. Surtout quand on pense, comme Renoir, que le cinéma, c’est d’abord le mouvement. Et puis, quand apparaît à l’image Lon Chaney, on comprend la force de ce document. Fils de parents sourds-muets, Chaney dut très tôt apprendre à s’exprimer avec son visage et son corps, ce qui lui permit de devenir rapidement une vedette du muet, statut qui culminera grâce aux dix films qu’il tournera avec Browning. Ici, en image fixe, là où les autres comédiens sont figés dans des postures insipides, on ne voit que lui, ses contorsions et ses acrobaties, et surtout, son masque tragique. Son jeu est conçu pour le détail et le gros plan, ce que ces photos mettent particulièrement en valeur. On réduit souvent Browning au seul Freaks (1932), certes extraordinaire, mais la colonne vertébrale de sa filmographie, ce sont les dix films qu’il tourna avec Chaney. Ensemble, ils ironisent sur la relativité de la morale, de la normalité, du bon sens. Dans cet univers de faux-semblants, la difformité physique n’est qu’une apparence. Bref, ne pas se fier aux dents pointues, aux yeux exorbités et au rictus de Chaney…