Une fable cruelle sur l’amitié de deux marginaux de Bogotá ; métaphore grinçante de la violence colombienne.
L’ombre de Buñuel plane sur cette fable cruelle narrant la relation amicale teintée d’amertume de deux marginaux dans la capitale colombienne. Sa singularité est indissociable de l’apparence et de la situation des personnages. Mañe est un infirme unijambiste qui survit difficilement. Son ami sans nom, qui a le visage masqué par de grosses lunettes noires et rondes – rappelant celles de Montand dans L’Aveu –, exerce un métier étrange. Il porte des passants sur son dos (où est arrimée une chaise) moyennant finance. Ces particularités ne sont pas exacerbées, elles sont intégrées à un contexte très quotidien, de façon réaliste. Ce film en noir et blanc, ponctué d’accents oniriques, expressionniste à sa manière, va faire surgir quelque chose qu’on n’attend pas : le spectre de la violence perpétuelle dont ce pays s’est fait une triste réputation. Car, malgré les apparences, il n’y a rien de rétro dans cette œuvre baroque presque kafkaïenne, qui métaphorise les tourments d’un peuple à travers ses héros biscornus.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}