Tourné en équipe réduite et en vidéo, un film vif et dense qui file les traces d’une ronde de personnages happés par l’esprit de l’exil.
Loin est ancré dans le Tanger concret et réel d’aujourd’hui, celui des ruelles grouillantes et de la zone portuaire, des bords de mer escarpés et des lumières atlantiques, ce carrefour de toutes les langues où convergent et se côtoient ados des rues et mères de famille, touristes et immigrés africains en attente de papiers. Toute cette ville, toute cette agitation, tout ce bouillonnement de vie, Loin les capte parfaitement à la volée de plans tournés en vidéo et en équipe légère mais toujours superbement cadrés et agencés. En trois journées envisagées comme trois blocs de temps indépendants presque trois moyens métrages , Loin s’attache surtout aux basques de trois personnages : Serge (Stéphane Rideau), camionneur français qui, dans sa quête incertaine d’aventure, se retrouvera mêlé à un trafic de drogue le dépassant ; Sarah (Lubna Azabal), la petite amie de Serge, Juive marocaine qui vient de perdre sa mère, hésite entre reprendre la direction de la pension familiale ou une nouvelle vie au Canada ; et Saïd (Mohamed Hamaïdi), fleur de pavé tangéroise, meilleur ami de Sarah et de Serge, qui aspire à passer clandestinement en face, en Europe, dans le camion de ce dernier. Avec une virtuosité discrète, un sens remarquable de l’équilibre des temps et contre-temps, de l’agencement dramaturgique et de la diversité des lieux, André Téchiné suit ces trois personnages, nous faisant découvrir peu à peu l’écheveau de liens, de désirs et de doutes qui les unissent, les petites trahisons qui les désunissent.
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