A rebours de tous les discours moroses, deux critiques démontrent pourquoi le cinéma est plus vivant que jamais. Le retour du cinéma, titrent-ils. Ah bon, il était donc parti ? Et revenu, comme Zorro, Don Camillo, la Panthère Rose ou le Jedi ? “I’m back” étaient les derniers mots de Paul Newman à la fin […]
A rebours de tous les discours moroses, deux critiques démontrent pourquoi le cinéma est plus vivant que jamais.
Le retour du cinéma, titrent-ils. Ah bon, il était donc parti ? Et revenu, comme Zorro, Don Camillo, la Panthère Rose ou le Jedi ? « I’m back » étaient les derniers mots de Paul Newman à la fin de La Couleur de l’argent. Comme le champion de billard déchu, le cinéma reviendrait-il en force, vraiment pas content et avec des comptes à régler ? Pourtant, à la lecture de ce passionnant petit livre, son titre provocateur trouve sa justification.
Dans son texte, intitulé Le Temps perdu du cinéma, Antoine de Baecque retrace le parcours d’un « homme ordinaire du cinéma et de son meilleur spectateur », Serge Daney. Si elle n’apprendra rien de vraiment nouveau aux lecteurs attentifs de Daney (et de Persévérance, son livre d’entretiens avec Serge Toubiana), cette tentative de brosser une histoire des idées, dont le concept de « mort du cinéma » ne serait qu’une borne kilométrique, a le mérite de faire le point. En tentant de comprendre comment « le cinéma a progressivement cessé d’occuper la place centrale dans l’histoire de l’art au xxème siècle », comment il a renoncé à dire l’histoire et n’a rien enregistré de Mai 68, de Baecque ne fait que constater la perte de puissance du cinéma au profit du tout-visuel et son asservissement au « culturel ».
Mais il s’empresse de préciser que cette perte d’influence globale n’a pas empêché les résistants (de Godard à Moretti, de Straub à Kubrick) de faire leurs films pendant que des cinéastes d’importance (Cameron, Burton, Cronenberg…) se coulaient tant bien que mal dans le nouveau système. Et en effet, si cette tendance au « sur-cinéma » spectaculaire et/ou culturel est indéniable, elle n’a pas empêché les dernières années d’être celles de la reconquête du public aux Etats-Unis et de l’émergence d’objets-films aussi singuliers que Double messieurs en France ou Miller’s Crossing en Amérique, exemples parmi tant d’autres. Comme avant, comme toujours, les vrais cinéastes doivent louvoyer pour s’exprimer. Si cette donnée de base n’a guère changé, la position économique du cinéma n’a cessé de se transformer, passant de la toute-puissance au statut de danseuse. Avant, Fuller discutait avec Zanuck ; maintenant, Wenders cherche à cibler le produit de prestige idéal avec le producteur Cecchi Gori.
La place nous manque et la pudeur nous étouffe pour rendre compte du texte de notre ami Thierry Jousse, membre à part entière du fameux et introuvable « Triangle des Bermudes » cher à Michel Ciment de Positif. Développées à partir de ses textes parus dans les Cahiers, les réflexions de Jousse s’articulent autour de sept points. En travaillant sur des films récents, il cherche à dégager les lignes de force, montrer ce qui a changé, définir une nouvelle position du spectateur, tout en précisant ce qu’impliquent les formes nouvelles de cinéphilie (la câblophilie) de l’après-« mort du cinéma ». Enfin, nos deux critiques ont eu l’excellente idée de prolonger leurs réflexions par un débat avec Arnaud Desplechin. L’auteur de La Sentinelle et du très attendu Comment je me suis disputé… (« Ma vie sexuelle ») avoue son amour pour Pretty woman et, fuyant la langue de bois, dit deux ou trois choses qu’il sait du cinéma français et de la critique. C’est aussi étonnant que rafraîchissant.
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