Le cinéma italien est un personnage romanesque. Antihéros ridicule ou héraut flamboyant, scrutateur et témoin de l’histoire, de la géographie de son pays. Depuis Journal intime, il écrit même son autobiographie, prépare son come-back, après les dérives ou la faiblesse de sa production. Reste à savoir si un livre universitaire, de surcroît basé sur la […]
Le cinéma italien est un personnage romanesque. Antihéros ridicule ou héraut flamboyant, scrutateur et témoin de l’histoire, de la géographie de son pays. Depuis Journal intime, il écrit même son autobiographie, prépare son come-back, après les dérives ou la faiblesse de sa production. Reste à savoir si un livre universitaire, de surcroît basé sur la règle des 128 pages fixes, était à même de rendre le parcours chaotique et forcément sublime d’une cinématographie oscillant entre extrême beauté rossellinienne et bêtise spaghetti. Il fallait l’extrême sérieux d’une perspective historique intelligente en même temps qu’un indéniable goût pour le paradoxe, ce dont Laurence Schifano a su, après tout, faire preuve. On passe ainsi de la description du néoréalisme comme paradis perdu à celle de l’apogée des sous-genres, chute tragique scandée par les trahisons et les fautes, pour aboutir à l’affirmation d’un renouveau dont on laissera pour l’instant la responsabilité à son auteur. Soyons clairs : que Le Monstre de Roberto Benigni et Il Postino avec Troisi mais réalisé par un Michael Radford qui n’a pas grand-chose d’italien aient dynamité les box-offices n’est en aucun cas une référence quant à un éventuel retour de l’âge d’or zavattinien, figure de proue idéologique du néoréalisme. Ou alors, la jeune garde arrive lentement, très lentement, et Schifano est la seule à coller son oreille aux rails pour percevoir un frémissement. Même si celle-ci a remarquablement montré le lien tenace entre politique et cinéma en Italie, à travers ses réflexions sur la censure démocrate-chrétienne ou l’incursion de médias privés à la tête d’un pays, son honorable travail reste coincé entre froide documentation et espoir effréné en une qualité populaire toujours difficile à saisir. Cela dit, on ne peut que comprendre ce genre de point de vue. La mort d’un cinéma restera toujours inacceptable.
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