L’inexorable déchéance de Hanna Flanders, écrivain quinquagénaire, marxiste chicos, et alcoolique.Le personnage d’Hanna Flanders, qui s’inspire de la propre mère du réalisateur, Gisela Elsner, romancière ouest-allemande célèbre en RFA, séduit par son tangage, sa divagation au bord du gouffre. Seule et abandonnée, imbibée de médicaments et d’alcool, tabagique au dernier degré, la pauvre vieille petite […]
L’inexorable déchéance de Hanna Flanders, écrivain quinquagénaire, marxiste chicos, et alcoolique.
Le personnage d’Hanna Flanders, qui s’inspire
de la propre mère du réalisateur, Gisela Elsner, romancière ouest-allemande célèbre en RFA,
séduit par son tangage, sa divagation au bord
du gouffre. Seule et abandonnée, imbibée
de médicaments et d’alcool, tabagique au dernier degré, la pauvre vieille petite fille riche
se dissimule sous un manteau Christian Dior
et une incroyable perruque gonflée. Derrière cette sœur tragique des mégères d’Absolutely Fabulous, cette passionaria bourgeoise plus marxiste
que Lénine, se profile tout le désarroi, toute
la confusion, tout le soulagement mêlé d’angoisse qu’a généré la fin brutale de la grande utopie du siècle, le communisme. Mais bien que l’évocation soit parlante, bien que le personnage d’Hanna Sanders soit un condensé des contradictions
de la gauche nantie en Occident, ce n’est pas
un film historique. Oskar Roehler retrace simplement la ascinante trajectoire d’une « insaisissable » sans feu ni lieu, romancière
has-been, SDF de luxe, à travers l’Allemagne.
Voir sa silhouette presque surréaliste évoluant dans les cités grisâtres de Berlin-Est.
Voir ce plan fixe sur Hanna, cadrée de loin derrière une fenêtre d’une minable HLM est-allemande,
qui exprime à merveille sa déréliction,
en dégageant en même temps une étrangeté lynchienne. Nous sommes déjà dans l’outre-tombe, et les lendemains de fête des accros du marxisme ont un goût de cendre. Un déchirant portrait
de femme déchue.
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