Au Vietnam, la chronique de la vie dans un ancien hôtel, réquisitionné par l’armée pour héberger des cadres de la révolution, de 1975 à la fin des années 80. On s’attend à une sorte de film bilan sur la guerre du Vietnam, sur la difficulté de reconstruire un pays mis à feu et à sang. […]
Au Vietnam, la chronique de la vie dans un ancien hôtel, réquisitionné par l’armée pour héberger des cadres de la révolution, de 1975 à la fin des années 80. On s’attend à une sorte de film bilan sur la guerre du Vietnam, sur la difficulté de reconstruire un pays mis à feu et à sang. Or, cela n’apparaît qu’en filigrane de l’histoire, à travers les destins et l’évolution sociale des uns et des autres. De là à voir dans L’Immeuble un film langue de bois, il y a un pas que l’on ne franchira pas, car il vaut mieux que ça. La lumière, assez artificielle, transforme chaque plan en tableau de genre. Et la sonorité irréelle des dialogues postsynchronisés nous replonge comme une madeleine proustienne dans les mélos chinois des années 70 ou même américains des années 50. Du coup, dans ce contexte éminemment non réaliste, les affects, les dilemmes, les conflits humains prennent un relief particulier, deviennent synthétiques, clairs comme du cristal.
L’histoire se focalise sur un vieil homme, Tham, gardien de l’hôtel au temps du capitalisme, et reconduit dans ses fonctions par les communistes quand l’immeuble est transformé en logement collectif. Pour toutes les familles qui cohabitent plutôt harmonieusement, Tham fait figure de grand-père. Mais au fur et à mesure que le pays s’ouvre à l’économie de marché, Tham voit, à son grand dam, les mentalités changer. C’est là qu’on est obligé de revenir à la dimension politique. Viet Linh, déclare que certains Vietnamiens considèrent ce film comme « anticommuniste » et « dirigé contre le régime ». Dirigé contre le régime actuel aux tendances libérales, peut-être, mais anticommuniste, que nenni. Car ce qui s’exprime à travers Tham, c’est une nostalgie pour le collectivisme idyllique des débuts du Vietnam réunifié. On ne s’en formalise pas car cela participe aussi de la candeur du film, bien plus humain qu’un quelconque pamphlet doctrinaire.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}