La chronique familiale d’Emmanuele Crialese, située à Rome dans les années 1970, est traversée par des thématiques très contemporaines, mais ne convainc pas sur la longueur.
L’Immensità s’ouvre sur une festivité forcée : dans sa cuisine, une mère danse en compagnie de ses trois enfants avec qui elle met la table sur la musique enjouée de Raffaella Carrà. On le comprend ainsi d’emblée : Penelope Cruz campe une femme coupée en deux. Il y a celle en plein naufrage avec son mari infidèle et violent, et celle qui se rattache coûte que coûte à une joyeuse innocence en nourrissant tout ce qu’elle peut de complicité avec ses enfants.
Au cœur de ce schéma binaire vient s’imbriquer un questionnement identitaire. L’aînée, Adriana est une fille à l“’extérieur”, mais se sent garçon, née dans un mauvais corps, venue d’une “autre galaxie” comme elle le confie à sa mère. Onze après Terraferma, Emmanuele Crialese retourne au cinéma avec une chronique familiale au cœur des années 1970 pour y explorer en surface deux thématiques qui résonnent fortement de nos jours : la masculinité toxique et l’identité de genre.
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Penélope Cruz, unique lueur dans L’Immensità
Malheureusement, comme son ouverture, L’Immensità court après quelques idées convenues répétées à l’envi. Le personnage de Penélope Cruz déjoue ennui, torpeur et situations de crises en provoquant des scènes de jeux. Courir dans la rue à toute allure à contresens, asperger la famille au tuyau d’arrosage, rejoindre les enfants sous la table… Toutes les saynètes y passent, transformant cet attachement à la part d’enfance en procédé standardisé. Le film n’offre ainsi que peu de choses, à part cette tendresse pataude où Penélope Cruz, superbe mais jamais pensée autrement que comme une créature aux désirs déchus, reste engoncée dans une mise en scène sclérosée.
Enfants et mère se retrouvent alors à plusieurs reprises devant une télévision qui joue des tubes de variété italienne. Elle représente leur dernière échappatoire grâce à laquelle iels deviennent des stars éphémères. C’est peut-être ce à quoi rêvait L’Immensità, devenir un grand standard, et qui se voit n’être qu’une toute petite ritournelle, un peu maussade.
L’Immensità d’Emanuele Crialese avec Penélope Cruz, Vincenzo Amato, Luana Giuliani
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