Clone du premier Alien, mais en mode flottant. Ce qui est terrifiant.
Mais qu’est-ce qu’il se passe en ce moment avec Alien ? Ridley Scott engage une flopée de suites et de prequels dans un esprit d’annonces frénétiques qui soulève quelques craintes légitimes, et voici soudain que Daniel Espinosa (faiseur discret passé de la Suède à Hollywood et auteur de quelques thrillers poliment remarqués comme Sécurité rapprochée) lui fait un enfant dans le dos en signant un clone assumé du film de 1979.
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https://www.youtube.com/watch?v=7p5ad-ZOpEY
C’est qu’on frise en effet le plagiat avec Life, mais d’une façon si délibérée qu’il s’agit plutôt ici de jouer avec le legs d’Alien, de s’en amuser comme un chat d’une pelote. Une bande d’astronautes en orbite martienne, donc, fait main basse sur la première cellule vivante extraterrestre ever. Sauf que celle-ci se développe à une vitesse incontrôlable, et commence à décimer l’équipage.
Un film profondément et assez joliment flottant
Le déroulé qui s’ensuit est à la fois, on l’a compris, un slasher en station orbitale, mais filmé plutôt placidement, comme un ballet : il n’est pas anodin de remarquer que l’intégralité du film, chose finalement rare, se déroule en gravité zéro.
Espinosa en tire une suspension qui n’est pas seulement physique : malgré ses morts à répétition, Life demeure un film profondément et assez joliment flottant, une sorte de bulle de science-fiction qui lévite sans direction particulière, ondoie dans le vide sidéral, qu’on aura tôt fait d’oublier mais dont le mouvement doux et inerte nous a plutôt séduits.
Un monstre sans visage à peine pourvu d’une volonté consciente
A l’instar de son alien : très loin du prédateur alpha à double dentier et sang corrodant, l’E. T. qui sème ici la mort est un monstre sans visage à peine pourvu d’une volonté consciente, une entité bleutée d’une nature quasi végétale, qui évoque le protozoaire ou la faune des profondeurs marines, et glisse dans le vaisseau, mue par un appétit tranquille et silencieux.
Même son facehugging n’est pas, comme celui de Ridley Scott, une brutale attaque de sangsue : plutôt un doux baiser de la mort, lent, tendre, glacial. Et donc d’autant plus atroce.
Life de Daniel Espinosa (E.-U., 2017, 1 h 44)
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