Un chef-d’oeuvre méconnu à découvrir absolument et un petit bijou de comédie.
LES FILMS : L’homme que j’ai tué, film peu connu de Lubitsch, fut à sa sortie très bien accueilli par la critique mais essuya un échec auprès du public. Cette oeuvre, que Lubitsch adapte d’une pièce de Maurice Rostand, est un drame, et même le dernier drame que réalise le cinéaste. Le film raconte l’histoire d’un jeune musicien français qui, mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, a tué un Allemand. Bourré de remords, il décide de se rendre en Allemagne dans la famille de ce soldat, qui était d’autre part violoniste. Dans ce film absolument déchirant, violemment pacifiste, Lubitsch use de tout son talent (même de l’humour). Il est vivement conseillé de porter une attention extrême à la façon dont Lubitsch utilise le son, les silences, et également de noter la force émotionnelle que prend le moindre gros plan de mains. Dès les premiers plans (dont l’un, célèbre, où Lubitsch a l’audace de filmer un défilé sous la jambe manquante d’un infirme de guerre), qui mettent en parallèle des images de la célébration officielle du premier anniversaire de l’armistice, des images de canons tirant leurs obus et les cris d’horreur des blessés sur leur lit d’hôpital, il est évident que nous avons affaire à un grand film. La suite ne va pas nous démentir. Plus le récit avance, et plus il monte en puissance, en émotion. Le jeu de Phillips Holmes (qui mourra au front pendant la Seconde Guerre mondiale), que d’aucuns ont souvent jugé outré, est au contraire tout à fait adapté : cette fièvre, ces tremblements, ces yeux exorbités de celui qui ne s’est pas remis de la vision et de sa participation aux horreurs de la guerre sont d’un total réalisme, on le sait aujourd’hui. Ce qui va se passer ensuite en Allemagne – le pays d’origine de Lubitsch, juif berlinois, un pays qui va mettre au pouvoir Hitler un an plus tard –, je ne vais pas vous le raconter. Juste suggérer que si L’homme que j’ai tué est une oeuvre qui continue à mettre mal à l’aise son spectateur après plusieurs visions, c’est parce qu’il s’agit d’un film de revenants (toutes les cloches ou clochettes du film l’annoncent). Après l’échec de L’homme que j’ai tué, Lubitsch enchaîne très vite, comme par hasard, sur une pure comédie, Une heure près de toi, un petit bijou hilarant et pétillant avec l’épatant Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald.
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LES DVD : Sur L’homme que j’ai tué, une courte présentation de Patrice Brion ; sur Une heure près de toi, aucun bonus.
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