L’Argentine d’aujourd’hui vue par l’itinéraire d’un gentil voyou rongé par la culpabilité. Un film tendre mais inabouti.
Miguel vit de petits larcins. Un jour, il blesse grièvement une vieille dame en lui volant son sac à main, aidé d’un complice. Lui ne conduisait “que” la moto pendant que l’autre arrachait, mais l’incident aura été si violent que Miguel, bon père et gentil voyou, rongé par la culpabilité, se met à la recherche de sa victime, Elena. Il la retrouve sur un lit d’hôpital, le corps couvert de bleus, la tête vidée de souvenirs. Lui faut-il avouer ses crimes ou truquer les faits ?
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Face à ce dilemme, l’homme choisit la deuxième option et tricote de toutes pièces entre eux un lien affectif profond, qui deviendra réel au gré des visites et de longues discussions. En arrière-fond de cette comédie sombre, c’est l’Argentine – ici, la ville de Tucumán – que portraiture Agustin Toscano, dont c’est le deuxième long métrage.
Situé en 2013, lors de la grève des policiers qui vit le pays pillé et déchiré, le film fait de son antihéros le porte-drapeau d’une nation empêtrée dans un climat social explosif. Car si Miguel vole, c’est avant tout pour survivre et subvenir aux besoins de son fils Leon. Si la métonymie est pertinente, l’intérêt du film est ailleurs, niché au creux des fausses retrouvailles entre un tendre escroc et une amnésique.
Bienveillant avec ses personnages, on regrette que L’Homme à la moto, suivant un itinéraire tout tracé, n’exploite pas davantage son drôle de syndrome de Stockholm inversé (Miguel ne quitte plus Elena), qui, à quelques endroits, promettait de belles (et émouvantes) envolées burlesques.
https://youtu.be/ubHibeYlMzY
L’Homme à la moto d’Agustin Toscano (Arg., Ur., 2018, 1 h 33)
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