Ce drame muet sur la perdition morale d’un fils de marin navigue entre lyrisme et hiératisme.Un marin s’est fait ermite ; son fils a disparu après avoir cédé aux sirènes de la débauche urbaine ; sa fille est devenue nonne ; sa femme est morte. Ce beau mélo muet de Marcel L’Herbier, en version restaurée, […]
Ce drame muet sur la perdition morale d’un fils de marin navigue entre lyrisme et hiératisme.
Un marin s’est fait ermite ; son fils a disparu après avoir cédé aux sirènes de la débauche urbaine ; sa fille est devenue nonne ; sa femme est morte. Ce beau mélo muet de Marcel L’Herbier, en version restaurée, avec images teintées et partition musicale d’Antoine Duhamel, est certes en-deçà de ses modèles : Griffith pour le lyrisme des situations et l’utilisation optimale des paysages naturels (la côte bretonne et ses rochers) ; von Stroheim pour des scènes de débauche, plus suggérées qu’explicites. Cependant, cela réconcilie avec L’Herbier, dont L’Inhumaine sent la naphtaline. Ici, les personnages sont stéréotypés (le marin digne et fier et son fils malhonnête et débauché), et le scénario reste assez simple, voire simpliste (opposition entre la pureté mystique de la mer et la noirceur de la ville et ses tripots interlopes), mais il y a de la limpidité et de la vigueur graphique dans les images, dans les poses figées des personnages, victimes d’un destin malheureux, figuré métaphoriquement par le vent et les rochers sur lesquels ils vivent. On se gardera tout de même de souscrire à l’assertion d’Henri Langlois affirmant que « L’Homme du large est le premier exemple d’écriture cinématographique ». Mais si Giovanni Pastrone (inventeur supposé du travelling) et d’autres avaient posé bien avant les jalons d’une grammaire du cinéma, L’Herbier demeure un cinéaste puissant.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}