Un homme jette le trouble dans le coeur d’un autre.
Le deuxième long de Zabou Breitman sacrifie son sujet au débordement poétique. Plus jeune, Charles Berling a tenu le rôle d’un blanchisseur de province dont le couple se voyait soudain menacé par l’intrusion dans son quotidien d’un jeune gay ensorcelant. Près de cinq ans après son premier long métrage, Se souvenir des belles choses, et le cortège de prix qui en accompagna la sortie, Zabou Breitman offre à l’acteur d’incarner ici l’élément
perturbateur de la fiction : Hugo, quadra homo et séduisant aux moeurs dissolues, est pris en amitié par son couple de voisins, et jette le trouble dans le coeur de Frédéric (Bernard Campan). Ce qui s’est affermi chez la réalisatrice, c’est le geste d’une mise en scène, qui procède par glissements, associations, résonances entre les images, vers une poétisation du réel – au prix d’une désagrégation de son sujet dans des nappes sensorielles qui prennent progressivement le contrôle du récit. Tout n’est peut-être alors que question de dosage – ce qu’un film libère et ce qu’il retient – et d’équilibre à tenir entre les deux tendances de la répartition. Se souvenir des belles choses et L’Homme de sa vie se laissent, eux, prendre au piège du débordement : émotif pour le premier, formel pour le second. Le prochain, pour convaincre, devra s’offrir un nettoyage à sec.
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