Renvoyant aux origines foraines du cinéma, l’une des plus belles réussites du relief relançait à l’époque la carrière de Vincent Price et révélait Charles Bronson. Remake en Technicolor et en 3D de Mystery of the wax museum (1933) de Michael Curtiz, L’Homme au masque de cire est devenu un classique du fantastique. Le film est […]
Renvoyant aux origines foraines du cinéma, l’une des plus belles réussites du relief relançait à l’époque la carrière de Vincent Price et révélait Charles Bronson.
Remake en Technicolor et en 3D de Mystery of the wax museum (1933) de Michael Curtiz, L’Homme au masque de cire est devenu un classique du fantastique. Le film est surtout à l’origine de la nouvelle carrière de Vincent Price qui, d’acteur de second plan « sérieux » chez Preminger ou Mankiewicz, devint ensuite une extravagante star de l’horreur dans les films de Roger Corman et les productions AIP. Il interprète ici un sculpteur de génie, dont les figures de cire imitent à la perfection l’apparence humaine. A la veille d’un grand projet de musée dédié à son art, un associé cupide provoque l’incendie de son atelier, détruisant ses oeuvres et le laissant pour mort. Mais le sculpteur, ou plutôt son fantôme, revient d’entre les flammes. Horriblement défiguré, il accomplit sa vengeance et ouvre enfin un musée de cire, mais dont les orientations esthétiques ont été bouleversées. Au lieu de célébrer la beauté, l’artiste fou se consacre désormais à la reconstitution macabre de crimes historiques ou de faits divers sanglants, parmi lesquels ses propres meurtres.
Rarement dans l’histoire du relief le procédé a-t-il été employé de façon aussi pertinente. En effet, ce film où les cadavres se cachent parmi les mannequins, où Vincent Price dissimule ses brûlures sous un masque de cire, décline un univers en trompe-l’oeil, flatte les sens du spectateur pour mieux les berner. Pourtant, malgré la splendeur de certaines scènes notamment la poursuite nocturne dans les ruelles brumeuses, lors de laquelle l’amplification de la profondeur de champ accentue l’angoisse du spectateur , l’emploi du relief dans le but de renforcer une atmosphère fantastique constitue une légitimation un peu superficielle et somme toute guère convaincante. Il suffit pour cela d’évoquer les nombreux cinéastes qui sont parvenus à créer un univers factice et déstabilisant (du Cabinet du docteur Caligari aux films de Mario Bava) sans avoir recours à ce qui peut être considéré comme un luxueux gadget. Par contre, les auteurs du film ont compris que le système 3D, ontologiquement, ne constituait pas l’avenir technologique du cinématographe (l’échec du procédé allait leur donner raison), mais le renvoyait au contraire à ses origines foraines.
De Toth raconte dans ses mémoires que son désir de réaliser un film en relief fut appuyé par Brynie Foy, un responsable de la Warner, contre l’avis de Jack Warner lui-même. Ce n’est que grâce à la persévérance des deux hommes que Jack Warner finit par céder : le film fut tourné à peu de frais, dans un temps record et remporta à sa sortie un succès exceptionnel. Or, Brynie Foy était un ancien artiste de music-hall et son obsession du relief se traduit dans le film par des intrusions de numéros de cabaret ou de saltimbanques bateleur haranguant la foule avec un yoyo, spectacle de french cancan dans une taverne. A ce titre, L’Homme au masque de cire servira de modèle à de nombreux autres films en relief. On retrouve Vincent Price, cette fois-ci en magicien, dans The Mad magician de John Brahm ; la scène du french cancan inaugure les potentialités érotiques de la 3D exploitées dans les pornos soft des années 70 tandis que le célèbre plan final (la tête de Charles Buchinsky/Bronson brandie au visage du spectateur) sera parodié vingt ans plus tard dans l’iconoclaste Chair pour Frankenstein de Paul Morrissey, qui explicitait enfin la dimension grand-guignolesque du relief.
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