L’Homme au bras d’or offrit l’occasion à Otto Preminger de livrer son second combat avec la censure après La Lune était bleue. Si les histoires de vierges prêtent aujourd’hui à sourire, l’adaptation du roman de Nelson Agren, sur le calvaire d’un héroïnomane dans les bas-fonds new yorkais, demeure autrement courageuse. À l’époque, le simple mot […]
L’Homme au bras d’or offrit l’occasion à Otto Preminger de livrer son second combat avec la censure après La Lune était bleue. Si les histoires de vierges prêtent aujourd’hui à sourire, l’adaptation du roman de Nelson Agren, sur le calvaire d’un héroïnomane dans les bas-fonds new yorkais, demeure autrement courageuse. À l’époque, le simple mot drogue était banni à Hollywood. Sinatra interprète Frankie Machine, un junkie qui après une cure de désintoxication est décidé à abandonner son métier de croupier pour devenir musicien. Il réussit un des plus belles performances de sa carrière. Les premingeriens orthodoxes reprocheront au film ses excès naturalistes, et sa galerie d’épaves humaines. La mise en scène, en revanche, reste magnifiquement précise et limpide. Le film est rythmé par de long plans séquences qui suivent les déambulations de Frankie dans un périmètre de bitume réduit à quelques mètres de décors, pour aller de bouges enfumés en chambres d’hôtels borgnes, et qui expriment cinématographiquement l’avenir bouché du personnage, le cercle vicieux dans lequel il est prisonnier. On est ébloui une nouvelle fois par la maîtrise de Preminger, aussi à l’aise dans le drame social que dans la reconstitution historique ou le théâtre filmé. Quant au générique de Saul Bass et à la musique d’Elmer Bernstein, ils ont largement contribué à la célébrité de ce classique américain des années 50.
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