Damien Odoul et Mathieu Amalric dans une sorte de chasse à la femme même pas érotique. Un peu court.
Un type (Mathieu Amalric) se fait tuer par une femme parce qu’il a refusé de la violer pendant son sommeil. Flash-back sur le passé de ce personnage, Richard O., qui faisait racoler des filles par un copain (surnommé “le Grand”) pour “explorer les arcanes sinueux de l’érotisme”. Il est difficile de parler du nouveau film de Damien Odoul (Morasseix, En attendant le déluge) sans décrire son dispositif, tant les deux semblent indissociables. Le projet du film ressemble à une expérience : prendre un acteur masculin connu (son corps) et le plonger – afin de voir ce que cela donne (les forces qui s’exercent, la lutte, etc.) – dans un milieu différent de lui : en l’occurrence des femmes.
Odoul explique : “Mathieu, c’est un peu moi.” Il s’agit donc d’avoir des relations sexuelles avec des femmes par procuration, en filmant ces ébats. Odoul tenant aussi la caméra, cela donne : se filmer en train de baiser. Pourquoi pas. Tout se tient puisque le duo le Grand-Richard O. reproduit dans le film ce couple d’hommes de cinéma dans la vie, où l’un couche (exhibitionnisme maximal de l’acteur mâle : l’érection) et l’autre filme (la pulsion scopique).
Le truc qui cloche, c’est qu’Odoul voudrait que son film sur le sexe soit aussi poétique et burlesque, et que nous n’y avons rien vu de tel. Non plus que de très érotique, d’ailleurs. Il y a même quelque chose d’un peu gênant, un côté Félix Gray/Didier Barbelivien (ces deux chanteurs de variété des années 80 qui chantaient ensemble des trucs sur toutes les femmes qu’ils avaient connues), dans cette histoire de deux potes qui font un film pour connaître des filles.
Des femmes et des actrices qui semblent d’ailleurs ne former à leurs yeux qu’un grand tout féminin (ni Amalric ni Odoul, dans le dossier de presse, ne semblent éprouver le besoin d’appeler ces actrices par leur nom). On veut bien accepter qu’il y ait quelque chose d’animal dans cette consommation masculine de LA femme, une part animale que notre société actuelle aurait du mal à accepter ou à assumer, mais on ne peut s’empêcher également de penser qu’il y a une grande naïveté dans le fait de croire que la chasse serait une activité proprement virile. C’est peut-être la morale du film : cette mélancolie de Richard O. et de Damien Odoul-Mathieu Amalric qui habite le film, elle naît peut-être du sentiment de n’avoir au fond rien compris, rien attrapé des femmes, sinon des images d’elles très superficielles – parfois belles, il est vrai, comme celles de Marianne Costa. C’est un peu court.
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