L’HISTOIRE D’ADELE H de François Truffautavec Isabelle Adjani, Bruce Robinson, Joseph Blatchley (1975, F, 95 mn) François Truffaut transforme une histoire d’amour en histoire de vampires, et Adèle suce toujours le sang d’Isabelle. En adaptant les mémoires de la seconde fille de Victor Hugo, François Truffaut a réalisé le plus radical des films d’amour d’horreur. […]
L’HISTOIRE D’ADELE H
de François Truffautavec Isabelle Adjani, Bruce Robinson, Joseph Blatchley (1975, F, 95 mn)
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François Truffaut transforme une histoire d’amour en histoire de vampires, et Adèle suce toujours le sang d’Isabelle.
En adaptant les mémoires de la seconde fille de Victor Hugo, François Truffaut a réalisé le plus radical des films d’amour d’horreur. Rien de plus terrorisant que cette radiographie de l’instant Hyde de l’amour, ce moment où il devient un principe carnassier qui dévorera tout, jusqu’à celui qu’il anime. Adèle H aime le lieutenant Pinson, qui s’en fout, prend peur, s’enfuit. Obstinément, elle refuse de prendre acte du désamour, puis du dégoût qu’elle inspire à son ex-prétendant. A la monomanie du personnage répond celle du cinéaste. La mise en scène de Truffaut est avalée par le jeu paroxystique d’Isabelle Adjani, son visage d’opale venue du muet, ses pantomimes tragiques. Jamais ce cinéaste du plan moyen, du rapport entre un sujet et son environnement, n’a filmé un visage d’aussi près, n’a monté autant de gros plans. C’est un film de vampires, une actrice cannibalise un cinéaste, et un personnage cannibalise son actrice. « Cette chose immense qui fait qu’une jeune fille peut traverser les océans, je la ferai », disait Adèle. A l’époque, les amoureuses blessées voyaient les choses en grand. Aujourd’hui, on les soupçonne seulement de décrocher leur téléphone pour qu’un président n’assiste pas à un concert de musique électronique à Pékin. Le geste est moins émouvant, plus comique. Mais s’il ne laisse pas indifférent, c’est qu’on imagine alors la vampirique Adèle n’avoir toujours pas lâché prise et remonter de la nuit des temps pour commander la conduite un peu irraisonnée de celle qui lui avait si sublimement prêté ses traits.
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