Un prof face à d’étranges élèves, dans un teen-movie qui embrasse l’angoisse de la jeunesse face au chaos contemporain.
On entre dans le film avec fracas : la défenestration, en plein cours,
d’un professeur de troisième. Pierre (Laurent Lafitte), un suppléant, , le remplace au pied levé et se retrouve en charge d’une classe d’élite composée de douze surdoués. Cette prise de fonction le confronte à une série de phénomènes étranges. Le plus inquiétant – qui vire à l’obsession chez ce prof – tient dans les réunions secrètes organisées par certains élèves après les cours.
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Ils s’y livrent à des bizutages dangereux, des sortes de messes mystiques qu’ils filment puis montent avec des found footage apocalyptiques piochés sur internet (destruction de l’écosystème, scènes de boucherie et catastrophes naturelles). Ils conservent ces montages, qui sont ce que le film a de plus précieux, à l’intérieur d’une boîte noire d’avion enfouie dans une carrière désaffectée. La symbolique est claire, cette boîte enregistre la mémoire d’une catastrophe imminente que Pierre sent venir.
Le film ne manque pas de séduire, par ses acteurs, tous impeccables, sa BO carpenterienne signée Zombie Zombie, son croisement entre Le Cercle des poètes disparus, Virgin Suicides et Le Village des damnés et son recours à l’angoissant flot d’images d’actualité. Reste que son scénario souffre d’une série de non-dits – la pédophilie du professeur décédé, l’homosexualité du remplaçant, l’élitisme BFCB (blanc-français-catho-bourge) de cette classe – lourdement soulignés par la mise en scène. On regrette surtout que le film n’ait, au final, pas grand-chose à dire sur la question – cruciale et de taille – de l’importance d’habiter ou de quitter ce monde chaotique, et se confine en définitive dans un rôle d’artificier.
L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier (Fr., 2019, 1 h 43)
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