En 1985, James Foley réalisait At close range (Comme un chien enragé), un film magnifiquement interprété qui se terminait par une scène de tribunal où un fils (Sean Penn) témoignait contre son père (Christopher Walken), personnage maléfique et corrupteur. Dans L’Héritage de la haine, du même Foley, un jeune avocat tente d’arracher son grand-père, reconnu […]
En 1985, James Foley réalisait At close range (Comme un chien enragé), un film magnifiquement interprété qui se terminait par une scène de tribunal où un fils (Sean Penn) témoignait contre son père (Christopher Walken), personnage maléfique et corrupteur. Dans L’Héritage de la haine, du même Foley, un jeune avocat tente d’arracher son grand-père, reconnu coupable de l’assassinat de deux enfants juifs il y a vingt ans, à la chambre à gaz. On appréciera le chemin parcouru par le réalisateur, responsable entre-temps d’oeuvres insipides ou décevantes. On peut à la rigueur sauver dans L’Héritage de la haine les scènes où Gene Hackman, le mauvais père, et Faye Dunaway, la fille meurtrie, exorcisent les fantômes du passé dans la plus pure tradition du théâtre filmé sudiste. Hélas demeure la matière « littéraire » dont est extrait le film, à savoir un best-seller de John Grisham, écrivain ultraconservateur à la mode, dont les bouquins véhiculent des thèses plus que douteuses : ici un vieillard dopé à la haine et au racisme, membre du Ku Klux Klan, s’humanise peu à peu sous nos yeux mouillés. Le pauvre bougre était la victime de son environnement social, manipulé par plus extrémiste que lui. En effet, L’Héritage… n’est certainement pas un pamphlet contre la peine de mort : c’est la culpabilité de l’accusé qui est contestée, pas son châtiment. Le scénario est ainsi chargé de trouver in extremis pour le papy des circonstances atténuantes aussi malhonnêtes que prévisibles (toujours ce thème rabâché du complot qui obsède le paranoïaque Grisham). Pour ceux qui n’auraient pas compris le message du film, Foley nous montre un jeune politicien démocrate se servant de la peine de mort pour gagner les élections et une foule hystérique de militants antiracistes agiter des slogans haineux, ivres de joie à l’annonce d’une exécution « pour l’exemple ». Le malaise que dégage L’Héritage… est insidieux. Il le serait plus encore si Foley n’avait pas définitivement abandonné toute ambition manque de courage ou de talent ? en filmant cette commande. Si les afféteries clip d’At close range ne parvenaient qu’à altérer la force de son sujet, les dérapages de L’Héritage… sont limités par une mise en scène amorphe prompte à faire fuir ou roupiller le spectateur potentiel d’un tel pensum.
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