Tim Burton, ici producteur, transfuse dans un conte de Noël son style décadent et dévasté mais très efficacement maîtrisé.
Produit par Tim Burton et s’inspirant de ses dessins, ce conte de Noël est un film d’animation où des personnages de Halloween fêtent Noël en dépit du bon sens chrétien. Suintant la poésie par tous ses pores, cette comédie musicale gothique témoigne d’une folle inventivité graphique en parfait accord avec l’univers burtonien, peuplé de monstres mélancoliques et rebelles. Outre le fait que Selick parvient à rendre attendrissantes toutes les figures du cinéma d’horreur classique (les morts-vivants, fantômes, squelettes, créatures frankensteiniennes), qui deviennent, comme Edward aux mains d’argent, des métaphores de la différence et de l’exclusion, l’esthétique du film s’avère saisissante dans la mesure où les éléments les plus naïfs du film sont élaborés à la perfection. C’est tout le paradoxe du cinéma de Tim Burton, qui a inventé une sorte d’arte povera, un univers uniformément glauque et morbide, mais avec un sens implacable de la maîtrise. Comme les couturiers élaborant avec un soin fou des vêtements artistement déchirés, Tim Burton met des moyens hollywoodiens, sans la moindre part d’improvisation, au service d’un style décadent et dévasté. C’est à la fois la force et la limite de son univers, qui est l’exact équivalent sur le plan cinématographique de certains disques de Cure. Le style corbeau-pop.
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