Inépuisable cabinet de curiosités trash, L’Etrange Festival (du 22 août au 3 septembre à Paris) continue de fouiller dans les coins sombres du 7ème art et met en lumière cette année les japonais Ishii et Fukasaku, Barbara Steele égérie du cinéma fantastique italien, une intégrale Norman Mailer, une rareté absolue de Brian De Palma avec Orson Welles en magicien?
L’Étrange Festival révèle en cette fin d’été aux cinéphiles français un étonnant cinéaste japonais réputé pour ses néo-polars stylisés et cruels. Né en 1946 à Sendai, Ishii est d’abord artiste de manga puis scénariste pour la Nikkatsu, compagnie spécialisée dans le cinéma érotique. Il écrit le scénario d’Evil Dead Trap (1988), série B d’horreur appréciée des connaisseurs, puis réalise huit films de sexe et de violence. Son cinquième, Gonin (« cinq »), est un polar maniéré et délétère, dans lequel s’affirme son style : atmosphère dépressive, lenteur du rythme, lumière esthétisante…
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Ses deux meilleurs films sont également ses derniers : Black Angel vol. 2, une histoire de femme tueuse et Freeze me, un huis clos étouffant sur la violence faite au femmes et leur soif de vengeance. L’avant-première de l’ultraviolent et controversé nouveau film de Kinji Fukasaku, Battle Royale, avec Takeshi Kitano, s’accompagnera d’un hommage mérité à ce prolifique artisan des studios Toei, qui s’est principalement illustré dans le film de yakuzas et la science-fiction. Highnoon for Gangsters (1961), l’incunable premier film de Fukasaku, met en scène un déchaînement paroxystique de violence et de tension raciale et sexuelle. Après ce coup d’essai, Fukasaku poursuivra son exploration acharnée et nihiliste du film de yakuza. Les célèbres Combat sans code d’honneur, Qui sera le boss à Hiroshima (1973) et Le Cimetière de la morale (1975, peut-être son meilleur film) bafouent aussi bien les codes moraux du milieu qu’ils décrivent que ceux de la grammaire traditionnelle du cinéma commercial nippon, avec une inflation délirante de zooms, d’arrêts sur image et de plans au téléobjectif. Cinéaste versatile, Fukasaku a également signé un incroyable Lézard noir (1968), serial psychédélique et homosexuel avec Mishima en cameo, qui pulvérise les records du kitsch à l’écran. On découvrira également des titres rarissimes tels que Japan’s Violent Gangs (1969), Yakuza Combat Forces – Gambler Foreign Opposition (1971) et Under the Fluttering Military Flag un réquisitoire antimilitariste.
Le versant étrange de l’Europe sera représenté par l’actrice Barbara Steele, la plus célèbre scream queen des sixties, égérie du cinéma fantastique made in Cinecittà. Le regard noir et le corps anguleux de Barbara Steele, prédisposée aux rôles de sorcières et de fantômes, fascinera trois des meilleurs cinéastes fantastiques italiens : Mario Bava (le génial Masque du démon), Riccardo Freda (L’Effroyable Secret du docteur Hichcock (1962) et Le Spectre du professeur Hichcock (1963) dont l’audace narrative et la fulgurante beauté plastique ont gardé intact leur pouvoir de fascination) et Antonio Margheriti (deux films, dont un chef-d’ uvre, Danse macabre).
Outre ces hommages variés, trois programmations thématiques amusantes et inattendues autour de la magie, des films musicaux et de l’enfance démoniaque, où l’on pourra revoir quelques perles noires comme Le Monstre est vivant de Larry Cohen, La Mauvaise Graine de Mervyn Le Roy ou une rareté absolue : Get to Know your Rabbit de Brian De Palma, premier film du jeune cinéaste produit par une major, et bide noir, avec Orson Welles en magicien. N’oublions pas l’intégrale en sa présence de l’ uvre cinématographique de l’écrivain Norman Mailer, dont un seul titre fut distribué en France : Les Vrais durs ne dansent pas, un des films américains les plus incongrus des années 80, et l’immanquable soirée Inrockuptibles, avec la projection de River’s Edge (1986) de Tim Hunter, teenage movie dérangé et inédit en France.
L’Etrange Festival, du 22 août au 3 septembre
Forum des Images, Forum des Halles, place Carrée, niveau Porte Saint-Eustache, Paris 1er
Tel : 01 44 76 62 00
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