Sa présence dans « Hitman & Bodyguard », actuellement en salles, nous rappelle à quel point Samuel L. Jackson est l’un des acteurs les plus prolifiques d’Hollywood. De Spike Lee aux films Marvel, de Tarantino a Star Wars, illustration avec 8 rôles de « motherfucker ».
Au panthéon des acteurs noirs qui font vibrer le cinéma américain depuis des décennies, il y a Denzel Washington, Morgan Freeman, ou encore Eddy Murphy, Forest Whitaker et plus récemment Jamie Foxx. Mais ce serait injustice de ne pas citer le nom de Samuel L. Jackson : un acteur aux casquettes récurrentes, que ce soit celle du bad boy ou du personnage de franchise, et au vocabulaire presque exceptionnel – ses « motherfuckers », sa marque de fabrique. Autant d’insultes que de rôles au cours d’une carrière ornée d’une centaine d’apparitions à l’écran et de tours de force plus géniaux les uns que les autres.
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De son attachement à Quentin Tarantino et Spike Lee en passant par des rôles indépendants pourvus de classe jusqu’aux franchises dopées au effets-spéciaux : un acteur magnétique, dont la touche d’indépendance se reflète à travers un jeu survitaminé et sa maîtrise de la punchline. C’est donc bien la peine de se pencher sur (presque) quarante ans de charisme, de looks improbables et, forcément, de cinéma américain.
Jungle Fever, de Spike Lee (1991)
Difficile de départager ses deux rôles en DJ de ghetto dans Do the right thing et de junkie dans Jungle Feaver, deux films de Spike Lee qui illustrent l’attachement soudain de Samuel L. Jackson pour le réalisateur et ce dès le début de sa carrière. Notre choix s’est donc porté sur le second puisqu’il a une dimension toute particulière pour l’acteur qui, juste avant le tournage, sortait d’une cure de désintoxication après une longue vie de toxicomane – il se confie longuement sur cette période douloureuse dans un entretien mené par The Guardian. C’est aussi un rôle qui a permis à l’acteur d’acquérir une certaine notoriété : il remporte le prix du meilleur second rôle au Festival de Cannes, spécialement conçu pour son rôle dans le film. Il est aussi reconnu auprès des cercles critiques américains avec deux récompenses supplémentaires. Un rôle touchant et émouvant pour l’acteur, et une empreinte déjà affirmée.
Pulp Fiction, de Quentin Tarantino (1994)
Vous prendriez bien une bouchée de « Royal Cheese » ou même une petite éclaboussée sanguinolente tout en invoquant la Bible ? Dans Pulp Fiction, film qu’on ne présente plus, l’acteur apparaît sous le costume d’un homme de main sans pitié et toujours accompagné de John Travolta. Alors que ce dernier remontait la pente d’une carrière en grosse perte de vitesse, Samuel L. Jackson marque les esprits avec son look de gangster pratiquant et dont l’invocation de la Bible dans la scène ci-dessous aura marqué des générations et des générations de spectateurs. Dans Pulp Fiction, il y a du culte de partout, et il se pourrait bien que l’acteur y soit vraiment (mais vraiment) pour quelque chose.
Jackie Brown, de Quentin Tarantino (1997)
Tarantino : acte II. Véritable hommage aux films de la baxploitation, Jackie Brown est porté par deux interprètes noirs : la divine Pam Grier dans le rôle titre et, donc, Samuel L. Jackson dans la peau d’un trafiquant d’armes orné d’une queue de cheval et d’une barbichette plutôt étoffées. Un rôle qui va à ravir à l’interprète qui signe ici sa deuxième collaboration avec Tarantino : un personnage original et grinçant, qui use de la violence comme dernier recours. Au même titre que son apparition dans Pulp Fiction, il y a comme une alchimie entre la présence de l’interprète et la caméra de Tarantino, la même alchimie qui conduira l’acteur à apparaître dans la quasi-totalité de la filmographie du cinéaste – hormis dans le premier volet de Kill Bill.
Incassable, de M. Night Shyamalan (2000)
Avec du recul, son rôle dans le Incassable de Shyamalan s’est vite transformé en personnage de franchise puisque le réalisateur mène actuellement un projet de crossover qui rassemble son film de 2000 et le tout récent Split : intitulé Glass, cette collision entre les deux films fera réapparaître Samuel L. Jackson sous les traits de Elijah Price. On serait tenté de dévoiler tout ce qui fait la force de ce personnage, mais pour ne pas vous spoiler, nous nous contenterons de ça : des cheveux en pétard, une voix grave, un corps ultra-fragile frappé d’une maladie au nom barbare (ostéogenèse imparfaite) … En somme, l’asymétrie la plus parfaite au personnage (également) mystérieux de Bruce Willis : deux identités divergentes, une même altérité. Mais laquelle ? Un vrai/faux film de super-héros qui montre un Samuel L. Jackson sous un autre angle que celui du gangster tarantinesque.
Des Serpents dans l’avion, de David R. Ellis (2006)
Bon, là, on avoue, y’a du plaisir coupable dans l’air. Des Serpents dans l’avion n’est pas un film éclatant, loin de là, mais sa conception et sa vocation de film culte l’aura tout de même placé en tête de liste des nanars du siècle actuel. Samuel L. Jackson, qui avoue avoir accepté le rôle pour l’amusement que provoque le titre du film, joue ici un agent du FBI badass qui se bat contre une invasion de serpents dans un avion en direction des Etats-Unis – bonjour la rupture de ton. Au même titre que la réputation du film, le rôle de l’acteur marque les esprits pour sa science du décalage et, comme d’habitude avec lui, de la punchline. Pour preuve, cette réplique éternelle, presque introspective, du « I’ve had it with these motherfucking snakes on this motherfucking plane! ». Une dialectique propre à l’acteur qui nous a obligé, oui vraiment, de la mentionner.
COLLISION : Mace Windu dans Star Wars et Nick Fury dans le Marvel Cinematic Universe
Si étonnant que cela puisse paraître, Samuel L. Jackson apparaît dans deux des franchises les plus lucratives de l’histoire du cinéma : la saga Star Wars au cours de la prélogie (1999 – 2005) et actuellement dans le Marvel Cinematic Univers dans le rôle de Nick Fury. Dans le space opera de George Lucas, l’acteur prête ses traits à un Chevalier Jedi haut placé au sein du Conseil : le sage Mace Windu. Reconnaissable grâce à son sabre laser violet – que l’acteur a réclamé avant d’apparaître dans la saga -, il est également témoin de la scène forte et décisive du basculement d’Anakin Skywalker dans le côté obscur de la Force (voir scène ci-dessous). Pour la saga Marvel, SLJ interprète Nick Fury, le chef du SHIELD et superviseur des Avengers. Malgré sa récurrence, la saga ne gravite pas autour de lui, contrairement aux optimisés marveliens. Il connaîtra un vrai basculement au cours des événements du Soldat de l’Hiver et dans lequel le SHIELD est victime d’une conspiration de grande envergure. Deux franchises à succès, deux rôles récurrents : un acteur décidément toujours à la mode.
https://youtu.be/q0r4jNhG9Z4?t=2m4s
Django Unchained, de Quentin Tarantino (2013)
Samuel L. Jackson a certainement le rôle le plus complexe, et le plus déterré, de Django Unchained, le western-spaghetti du temps de la Guerre de Sécession réalisé par Tarantino, encore lui. Outre l’émancipation de Django (aka Jamie Foxx) ou la fureur aristocrate de Calvin Candie (le génial Leonardo DiCaprio), l’acteur fétiche du cinéaste interprète ici Steven, le « bras droit » aux yeux globuleux de Calvin : il est noir, mais pas esclave et se comporte comme un esclavagiste n’hésitant à mettre au plus mal les servants de Calvin – dont la femme de Django. Un personnage ambivalent, doté d’un regard malicieux pas facile à dompter. Comme un méchant politisé qui fait remonter en surface la violence morale de cette période, rappelant au passage l’engagement de Samuel L. Jackson contre les incivilités à l’encontre des noirs aux Etats-Unis. Un rôle dont s’amuse Tarantino (montées dans les aigus, expressions délavées, allure obsolète..), et que l’acteur rend amusant.
https://www.youtube.com/watch?v=qLup3ye_gIo
Kingsman : services secrets, de Matthew Vaughn (2015)
Si l’acteur aime bien se placer du coté des bad guy avec sa petite touche personnelle, pas étonnant de l’apercevoir dans Kingsman, adaptation du comic The Secret Service qui revisite les codes du film d’action et d’espionnage avec une fureur geek on ne peut plus séduisante – difficile de ne pas se passer de la scène de l’église. Ici, Samuel L. Jackson joue le rôle d’un homme d’affaire zozotant, obnubilé par le problème de la surpopulation terrestre et à l’alimentation quelque peu douteuse (Big Mac + un petit Bordeaux : check). Dans la lignée du ton adopté par le film, un personnage bêta sans chichi qui dresse davantage les capacités de l’acteur à tenir le rôle du bad guy délirant – en somme, un type de rôle dont lui seul a le secret.
BONUS : Les Affranchis, de Martin Scorsese (1990)
40 secondes, pas plus : c’est le temps d’apparition de Samuel L. Jackson dans LE gangster-movie de Martin Scorsese. Quarante secondes au cours desquelles l’acteur se lève de son pieu, ouvre la porte à l’incontrôlable Joe Pesci, se rhabille et se fait exploser le crâne par ce dernier. La grande classe.
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