Les Inconnus rejouent leur tube nineties en roue libre. Une comédie aussi indigente qu’indigeste.
le sujet
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Il aura donc fallu attendre dix-huit ans pour assister à la reformation des Trois Frères, ces héros ordinaires d’un hit du box-office (6,8 millions d’entrées) incarnés par les comiques télé Les Inconnus. On les disait fâchés, impossibles à réconcilier, quand, miracle, ils annonçaient l’année dernière dans l’indifférence quasi générale leur come-back à la faveur d’une campagne virale hautement ringarde. Un trailer bricolé, une apparition dans une vidéo de Norman Thavaud (coucou la jeunesse) et un featuring avec le Palmashow : Les Inconnus étaient de retour et ils entendaient bien retrouver leur rang dans le game de la comédie populaire.
le symptôme
Comme pour la troupe du Splendid, qui s’offrit un dernier round de triste mémoire dans Les Bronzés 3, Les Inconnus cherchent ici à capitaliser leurs anciens faits de gloire. Revoilà donc Didier, Bernard et Pascal tels qu’on les avait laissés en 1995, trois frères antagonistes (l’artiste, le bourgeois et le mondain) qui, réunis par une obscure affaire d’héritage, vont traverser toute une série de galères. Un scénario prétexte, à partir duquel Les Inconnus alignent les clins d’œil et autocitations en pilotage automatique, masquant à peine la vacuité de leur petit business : sans idée de mise en scène, sans qualité de fabrication (direction artistique, musique, éclairage : tout est cheap) Les Trois Frères, le retour est l’aveu d’impuissance de comiques honteux, pas dupes de leur arnaque. C’est du Mocky friqué, un bordel first-class qui n’a même pas pour lui l’excuse de l’anarchie.
le souci
Dans Les Trois Frères version 1995, et plus généralement dans son moment de gloire télévisée, le comique des Inconnus s’épanouissait surtout dans une veine parodique, parfois grinçante et plutôt bien sentie. Or, c’est justement sur ce terrain que le tardif retour des acteurs montre toutes ses faiblesses : moins féroces qu’avant, moins connectés à leur époque, ils n’ont plus rien à parodier, sinon eux-mêmes. Ils s’en remettent donc aux vieux effets comiques potaches, cherchant l’inspiration quelque part entre Les Grosses Têtes, Laurent Ruquier et Carambar : ici, les accents (africain, québécois, chinois) ; là, le travestissement ou encore la séquence sous psychotropes, climax du film et record terminal de vulgarité masochiste. On a trouvé le cucul. Il manque juste la têtête…
Romain Blondeau
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