La nature en tableaux vivants high-tech : un peu de pédagogie neuneu mais des morceaux de bravoure techniquement époustouflants.
Rien n’a changé sous le ciel full-HD du blockbuster animalier. Des hordes d’opérateurs armés d’optiques révolutionnaires et de stabilisateurs dernier cri partent à l’assaut de mère nature pour sublimer ses ramages et ses plumages, y dilater le temps et l’espace, et reproduire une version toujours plus panoptique de son perpétuel tableau vivant.
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Rien n’a changé si ce n’est la concurrence : Les Saisons sort dans un monde inondé d’animaux-YouTube et d’animaux-gifs, et il est assez amusant de constater à quel point les images très impressionnantes filmées par Jacques Perrin et Jacques Cluzaud (tauliers du genre : Le Peuple migrateur, Océans…) entrent désormais en rivalité avec l’animalité plus profane qui se donne à voir chaque jour en ligne. En rivalité et, donc, vainqueurs, car si tant est qu’on apprécie ce plaisir simple qu’est le spectacle animal, alors la première partie du film est un enchantement, un véritable jamais-vu : “l’âge d’or de la forêt”, le foisonnement de vie qui a succédé au dernier âge de glace, s’incarne en un florilège de scènes de la vie animale s’enchâssant les unes aux autres dans une chorégraphie remarquable, partageant parfois le même plan avec une théâtralité époustouflante.
Immémorialité du spectacle naturel
Première partie qui parie aussi sur une quasi-absence de la voix off et joue avec finesse la carte de l’immémorialité du spectacle naturel (Perrin filme bien sûr au présent mais laisse entendre que le film suit une frise de vingt mille ans), avant que le second acte ne la littéralise jusqu’au grotesque, à l’apparition de l’homme (campements préhistoriques, chars romains…). C’est comme ça : il y a ce côté pédagogico-neuneu, et en même temps un envoûtement qu’on rechigne à bouder.
Les Saisons (Fr., All., 2015, 1 h 35)
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