Cinq touristes américains parmi les pyramides mayas aux prises avec des plantes aux noms savants. Efficace.
Gémissements féminins, claustration souterraine et appels à l’aide désespérés : l’incipit de Ruines laisse augurer un énième survival en sous-sol, genre récemment porté à son acmé d’effroi et d’efficacité par Creep ou The Descent. Or, surprise, il n’y a pas de descente ici – à l’exception de quelques scènes dans un puits, assez ratées – mais plutôt une ascension, celle d’une pyramide maya par une poignée d’insouciants jeunots persuadés qu’on ne peut pas “laisser à l’abandon cinq touristes américains perdus au Mexique”…
Dans un genre aussi codé que le film d’épouvante, où la moindre originalité fait figure d’eldorado, l’idée de situer l’action en plein air et sous le zénith est particulièrement réjouissante. La platitude des pyramides mexicaines autorise le jeune réalisateur Carter Smith à composer un huis clos au sommet, où un insidieux ennemi végétal, dont les secrets et la provenance nous sont heureusement épargnés, s’infiltre dans les plaies, se greffe à la peau et pollue les esprits. L’enfer, c’est ici moins les autres que soi-même, lucidité entamée et corps avariés, ce qui donne lieu à une intense scène d’automutilation béate. Distillée comme un poison au lieu d’être projetée à coups d’inserts tonitruants, la peur, très organique, joue sur l’inéluctabilité du mal, la certitude qu’il ne sert à rien de se débattre dans ces quelques mètres carrés de prison à ciel ouvert.
Si toutes les potentialités offertes par cette belle idée ne sont pas exploitées par le scénario, celui-ci trouve en Carter Smith un efficace artisan, préférant aux réflexes pubards de ses contemporains (Eli Roth en tête) une mise en scène au carré et une salutaire abstraction géométrique, renforcée par l’image au cordeau de Darius Khondji (qui abandonne pour une fois son expressionnisme jaunâtre développé chez Jeunet, Fincher ou Wong Kar-wai). Quelques faiblesses (jeu de certains acteurs, fin bâclée) n’entament pas le plaisir devant cette série B estivale qui nous apprendra à nous méfier des tétraèdres et des utricularia multifida…