Gros film de commande, entièrement conçu par le producteur Alain Goldman et ses partenaires de la Gaumont (déjà responsables du désastre Vatel), adapté d’un roman à succès de Jean-Christophe Grangé, Les Rivières pourpres affiche clairement son ambition : faire un thriller à la française, le décalque hexagonal du Silence des agneaux ou de Seven, un […]
Gros film de commande, entièrement conçu par le producteur Alain Goldman et ses partenaires de la Gaumont (déjà responsables du désastre Vatel), adapté d’un roman à succès de Jean-Christophe Grangé, Les Rivières pourpres affiche clairement son ambition : faire un thriller à la française, le décalque hexagonal du Silence des agneaux ou de Seven, un film de serial-killer avec des p’tits gars bien de chez nous. Silencieux depuis l’échec commercial d’Assassin(s) pourtant son meilleur film , Mathieu Kassovitz a été choisi pour sa capacité à filmer les scènes d’action, et parce que depuis La Haine il est censé plaire aux « jeunes », cible privilégiée de l’entreprise. On ne peut que plaindre les « jeunes », et aussi les moins jeunes, qui marcheront dans cette combine au cynisme suraffiché tant le résultat est consternant de médiocrité satisfaite.
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Alors qu’on s’attendait à un « pop-corn movie » correctement manufacturé, supposé sauver le cinéma français de la horde agressive des sous-produits hollywoodiens, on ne voit qu’une pathétique machine à effets, qui essaie désespérément de camoufler sa profonde vacuité et ses énormes défauts de fabrication. Ecrit en dépit du bon sens (certaines répliques du style « Doit bien y avoir un indice quelque part ! » ou l’admirable « C’était des jumelles ! » provoquent soit le ricanement nerveux, soit la compassion résignée), découpé et monté avec une cruelle absence de rythme (aucun plan ne trouve sa juste durée), et définitivement torpillé par un Jean Reno en roue libre dans le style « Je suis un vieux sage qui en a bavé des ronds de chapeau », le film se traîne vers une résolution à la fois attendue et à peu près incompréhensible, ce qui est un comble. Mais il se traîne en ne reculant devant rien : vues d’hélicoptère à gogo, aussi inutiles que peu spectaculaires, clins d’œil volontiers putassiers en direction des banlieues (représentées par Vincent Cassel, jeune inspecteur fumeur de joints qui pratique le close-combat sur du rap pour péter la gueule à des skins hagards), intrigue dont la confusion peine à camoufler la minceur et, pour faire bonne mesure, discours politique grotesque à base de très méchants néonazis alpins qui pratiquent l’eugénisme clandestin.
Tout est souligné au marqueur, mais comme il n’y a rien d’intéressant à souligner, le clinquant du film ne sert qu’à révéler davantage à quel point il est laborieux et ennuyeux. Goldman et Kassovitz ont inventé le téléfilm à 100 millions.
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