Mai 68 de l’intérieur, sans la nostalgie de vieux combattants… Un docu ancré dans le présent à l’aune des “gilets jaunes”.
Témoins et acteurs de Mai 68, Michel Andrieu et Jacques Kebadian, deux anciens étudiants de l’Idhec (ancêtre de la Femis), ont décidé, cinquante ans après les faits, de remonter leurs films d’alors et de les mélanger à d’autres images, notamment tournées par les groupes Medvedkine et ARC, mais aussi par William Klein et Jean-Pierre Thorn.
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Les Révoltés raconte Mai 68 de l’intérieur, chronologiquement et sans autre voix off que celle de l’époque. Des facs aux usines, cette réorganisation d’archives saisit l’énergie globale du mouvement, sa fougue, son bouillonnement aussi bien que sa fragilité locale. Sa force réside dans son traitement totalement dépourvu de la nostalgie du vieux combattant ou d’une tentation de tirer des leçons de l’histoire.
C’est un Mai 68 vissé au présent qu’il nous est donné de voir ici. Les similitudes avec les images des “gilets jaunes” qui ont défilé sur nos chaînes d’info ou qui sont propagées par des anonymes sur internet sont frappantes. Là où le film insiste, c’est dans la représentation de l’alliance entre les ouvriers, français et étrangers, et les étudiants, alliance fragile mais indispensable à la convergence des luttes contre les inégalités. On se met alors à penser que les révoltes actuelles sont une suite de rendez-vous manqués.
On se met à rêver d’une alliance entre les banlieues défavorisées de 2005, la jeunesse de Nuit debout de 2016 et le salariat des “gilets jaunes” de 2018.
Les Révoltés de Michel Andrieu et Jacques Kebadian (Fr., 2018, 1 h 20)
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