Un grand Siegel/Eastwood, film antimilitariste au climat étouffant, baroque et théâtral.Clint Eastwood n’a pas attendu longtemps pour effriter sa statue de héros monolithique et indestructible. Dès 1971, il campait pour Don Siegel, son second cinéaste d’élection après Sergio Leone, un soudard yankee recueilli par neuf femmes sudistes d’âge différent recluses dans une institution de jeunes […]
Un grand Siegel/Eastwood, film antimilitariste au climat étouffant, baroque et théâtral.
Clint Eastwood n’a pas attendu longtemps pour effriter sa statue de héros monolithique et indestructible. Dès 1971, il campait pour Don Siegel, son second cinéaste d’élection après Sergio Leone, un soudard yankee recueilli par neuf femmes sudistes d’âge différent recluses dans une institution de jeunes filles en pleine guerre de Sécession. Blessé à la jambe, immobilisé et séquestré, il se transforme vite en homme objet, attisant par son intrusion virile la frustration et l’hystérie des pensionnaires. Cyniques et hypocrites, ses successives entreprises de séduction n’ont pour seul objectif que d’échapper à la surveillance de ses geôlières pour rejoindre son armée. Mais le soldat sera finalement piégé et détruit par son propre appétit libidinal et ses instincts violents. Les Proies ne se résume pas à un contre-emploi pour Clint Eastwood. C’est un des meilleurs films de Siegel, moins misogyne que misanthrope et antimilitariste, dont les effets de composition baroques et l’interprétation outrée accentuent le climat étouffant et théâtral. Noyées dans les ténèbres et surchargées de fondus enchaînés, les images de Siegel et de son chef opérateur Bruce Surtees vont jusqu’au maniérisme pictural le plus échevelé avec la superposition entre le corps meurtri et érotique du mâle Clint et un tableau du Christ à la descente de croix.
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