Des retrouvailles nostalgiques entre les personnages d’Un homme et une femme qui tournent à la séance d’hypnothérapie.
Ils se sont connus il y a environ 55 ans, ils se sont aimés, ils se sont quittés, ils se retrouvent aujourd’hui : lui, c’est Jean-Louis Duroc (Trintignant) et elle, c’est Anne Gauthier (Anouk Aimée), les deux personnages d’Un homme et femme, palme d’or en 1966. Belle idée de cinéma. Seulement Duroc l’ancien coureur automobile vit dans un EHPAD de luxe, il a des pertes de mémoire importantes. Anne, elle, n’est plus scripte, elle tient une petite boutique en Normandie et se porte bien.
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Un jour, le fils de Duroc (Antoine Sire, qui jouait déjà ce rôle dans Un homme et une femme) rend visite à Anne, qui est avec sa fille Françoise (Souad Amidou, idem). Il lui explique que son père perd la boule, mais qu’il parle tout le temps d’elle. Son médecin pense que la revoir lui ferait du bien (oui, dans les films de Lelouch, les médecins pensent qu’un homme de 87 ans très malade peut encore aller mieux – mais passons). Petit artifice de scénario qui va surtout nous permettre d’assister à leurs retrouvailles, d’abord difficiles (il ne la reconnaît pas), entrecoupées de longs extraits d’Un homme et une femme, de la reprise en intégrale de C’était un rendez-vous (ce court-métrage de 1976 en plan séquence où Lelouch traverse tout Paris à 5h du matin pour retrouver une femme au Sacré-cœur), bercés par la musique de Francis Lai, les paroles de Pierre Barouh (ou celles, plus récentes, de Didier Barbelivien), reprises par Nicole Croisille et Calogero.
Chabadabada (encore)
Tout cela est plutôt charmant, Anouk Aimée et Trintignant (dont la voix n’a pas changé) sont beaux, dans leur petite 2 CV, et ont toujours autant de présence. L’acteur récite des poèmes de Boris Vian, de Prévert, l’actrice sourit… très bien. Ensuite, le film n’a pas plus d’intérêt que celui d’un hommage nostalgique à une époque révolue (les années 60). Les dialogues sont souvent plombants et bien sexistes sous couvert d’amour « de la femme » (Trintignant a cette phrase : « Il est plus facile de séduire une fois mille femmes que d’en séduire une seule mille fois » – on se croirait dans La Cité de la peur…)
Sauf que le résultat est assez fascinant et finit par enivrer. Parce que le film est extrêmement répétitif, totalement en boucle. Marianne Denicourt, qui joue une responsable de l’EHPAD, dit plusieurs fois de Trintignant qu’il est son chouchou mais qu’il ne faut pas que ça se sache (aurait-elle Alzheimer, elle aussi ?). Aimée que Trintignant était non seulement un « coureur automobile, mais aussi un coureur tout court« … Etc. Les dialogues entre les anciens amants font du sur place, ronronnent, ressassent les mêmes choses un peu banales sur l’amour, le désir. Ce qui pourrait être agaçant prend lentement la forme d’une ritournelle, d’une prière, d’une méditation, d’une psalmodie. Le spectateur tombe dans une faille de l’espace-temps, ou plus simplement dans un état mental proche de l’hypnose. Ce qui n’est pas désagréable.
Les Plus belles années d’une vie avec Anouk Aimée, Jean-Louis Trintignant, Souad Amidou (France, 2019, 1h30)
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