Un petit film sans prétention dont le charme acidulé sous influence Demy finit par agir et par conquérir le spectateur. Fuyant son ignoble mec, la pauvre Christelle (Anouk Grinberg, qui fait un joli retour), coiffeuse de son état, atterrit dans un motel un peu glauque tenu par la pétulante Mona (Bernadette Lafont, géniale comme d’habitude). […]
Un petit film sans prétention dont le charme acidulé sous influence Demy finit par agir et par conquérir le spectateur.
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Fuyant son ignoble mec, la pauvre Christelle (Anouk Grinberg, qui fait un joli retour), coiffeuse de son état, atterrit dans un motel un peu glauque tenu par la pétulante Mona (Bernadette Lafont, géniale comme d’habitude). Cette rencontre va faire tilt, les deux femmes accouplant leurs solitudes pour redonner un coup de kick à leur vie. L’arrivée de la dépressive Christelle va paradoxalement amener de la vie et du changement dans la routine fanée du motel perdu, Mona en profitant pour faire des travaux et transformer son établissement à l’abandon en petite bonbonnière pop-art (les fameuses « petites couleurs » du titre, qui sont aussi le mot d’ordre esthétique et thématique du film). Dans l’autre sens, Mona va regonfler une Christelle plus à plat qu’un pneu crevé, lui prodigant conseils en amour, leçons de vie et de maintien.
Ce petit conte pour midinette fonctionne ici par la grâce d’un subtil dosage entre croyance au premier degré et recul pas dupe. Quand Patricia Plattner montre les poussées de désespoir un peu hystériques et ridicules de Christelle, c’est gentiment moqueur mais sans cruauté. Quand elle filme les deux copines tout excitées devant leur soap favori (Le Ranch de l’amour, tout un programme !), on sent que la réalisatrice est elle-même fan de ce genre de feuilleton qui constitue l’un des référents du film, et que son ironie vise autant elle-même que ses personnages. Plattner aime visiblement les contes de fées, les romans-photos, les mélos mineurs, elle assume crânement, sans supériorité ni second degré.
Il y a du Demy dans cette attitude face aux univers populaires. Evidemment, la mise en scène de Plattner ne peut en aucun cas se mesurer au génie de l’auteur de Lola. Mais elle n’a pas non plus cette prétention-là. Plattner n’en fait jamais trop, s’efforce de servir au mieux son histoire et ses actrices, avec les moyens du bord. Et elle y parvient.
Bien que n’atteignant jamais les sommets, Les Petites Couleurs finit par produire un charme agissant, touche, fait sourire aussi. On préfèrera toujours ce genre de joli petit objet modeste au culturel chic boursoufflé ou à la nouvelle arrogance techno-financière qui est en passe de dominer le cinéma français.
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