Alors que cette pandémie mondiale nous pousse à mettre un masque, retour sur ces personnages iconiques du cinéma qui l’ont porté à merveille. En guise de protection, de dissimulation, d’identité ou de difformité, pour terrifier ou séduire, cet accessoire renferme bien souvent de nombreux messages.
Les Yeux sans visage de Georges Franju (1960)
Suite à un accident de la route, un chirurgien tente désespérément de réparer le visage charcuté de sa fille. Complètement dévoué, le père tombe dans une passion criminelle en tuant d’innocentes jeunes filles afin de trouver le visage idéal. Malgré l’expression incertaine d’Edith Scob, son visage recouvert par ce masque si blanc et si lisse nous fascine tant, que l’on ne peut se décoller de son regard silencieux.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Phantom of the Paradise de Brian De Palma (1974)
Grandement inspiré par le cinéma de Murnau dont la légende de Faust, le film raconte l’histoire de Winslow Leach, un jeune compositeur méconnu, dont la cantate est volée par Swan, un producteur puissant et peu scrupuleux. Défiguré après une glissade dans une presse à disques, Winslow revient hanter la salle de spectacle, le visage masqué par un casque. Nourri par de nombreuses références littéraires et cinématographiques, De Palma, à travers ce masque, s’intéresse au double, entre humanité et monstruosité.
L’Homme au masque de fer de Randall Wallace (1998)
De retour sur les pas d’Alexandre Dumas, où l’on retrouve les 3 mousquetaires portés par un casting cinq étoiles. Le film conte le fameux mystère de l’homme au masque de fer, interprété par Leonardo Dicaprio, qui a été emprisonné pendant près de 20 ans alors qu’il n’était autre que Louis de Bourbon, le fils illégitime de Louis XIV. Contrairement à la dissimulation esthétique, ce masque bien plus brutal et violent relève de la condamnation.
Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme (1991)
Impossible de parler de masques sans évoquer celui voué à la gloire du célèbre psychiatre, Hannibal Lecter. Sûrement devenu l’un des serials killers les plus effrayants de sa génération, Anthony Hopkins porte sa fameuse muselière avec prestance. La force de ce masque est double : d’une part, elle l’empêche de s’exprimer et ainsi d’user de son arme qu’est la rhétorique, et de l’autre, la muselière l’empêche de manger, car rappelons-le, c’est un cannibale.
Batman : The Dark Knight Rises de Christopher Nolan (2012)
Si on pense instinctivement au masque de Bruce Wayne dans Batman, notre préféré restera celui de Bane. Suite à un accident, son masque imposant l’aide à survivre, grâce à un gaz qui agi en tant qu’antidouleur. En cette période de coronavirus, les masques du méchant, incarné par Tom Hardy, ont fait fureur aux Etats-Unis, a rapporté The Hollywood Reporter, amenant même certains sites de vente en rupture de stock.
Mad Max : Fury Road de George Miller (2015)
Grand tyran depuis déjà le premier Mad Max de 1979, Immortan Joe se classe parmi les masques le plus iconiques de l’histoire du cinéma. Interrogé par CinemaBlend, le réalisateur George Miller a expliqué que le scélérat usait de son apparence pour imposer sa loi aux survivants tel un Dieu. “Le masque qu’il porte a pour but de donner l’impression qu’il est lui-même immortel. De loin, il a l’air impressionnant, mais son masque lui sert en gros à respirer de l’air frais” confiait-il, dans un article relayé par Première.
Fantômas d’André Hunebelle (1964)
Initialement grande figure emblématique de la littérature populaire, Fantômas est depuis les années 60 une référence cinématographique dont on ne peut oublier le masque bleuâtre. Ce “génie du mal” créé par Pierre Souvestre et Marcel Allain en 1910, arrive en 1964 entre les mains de Jean Marais, qui avec brio, prête ses traits à ce malfrat dont le visage dénué de traits, presque semblable à un alien, répond par un sourire sarcastique et malsain.
Elephant Man de David Lynch (1980)
Chef-d’œuvre absolu de Lynch, Elephant Man suit les aventures du chirurgien Frederick Treves, qui après avoir racheté John Merrick, un homme monstrueusement difforme, traité telle une bête de foire, découvre au fond un homme meurtri, brillant et sensible. Le masque ici n’est tout autre qu’une représentation d’anomalies physiques congénitales, qui lors du tournage ont pris sept heures quotidiennes de maquillage sur John Hurt. Comme pour Phantom of The Paradise, Lynch illustre l’humanité de celui que l’homme observe comme un monstre.
Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick (1999)
Obsédé par ses fantasmes sexuels, Bill Harford, va se retrouver après une nuit d’errance, dans une soirée masquées sur fond de rituel orgiaque. Au-delà du questionnement identitaire que le masque vénitien lui inflige, l’accessoire cache un véritable rôle social et politique. Dans le documentaire Kubrick & The Illuminati, qui s’appuie sur l’analyse de Laurent Vachaud, auteur de l’article Le secret de la pyramide, publié dans la revue Positif, Kubrick dénonce l’exploitation d’esclaves sexuelles par des sociétés secrètes occultes. Alors que le masque était symbole de désirs inassouvis, il devient petit à petit un objet mortuaire, manifestant ses dérives.
V pour Vendetta de James McTeigue (2005)
Devenu un accessoire majeur des manifestations, le masque de Guy Fawkes, avant d’être mondialement connu grâce au film V pour Vendetta, a été imaginé par le dessinateur David Lloyd en 1986 pour sa bande dessinée du même nom. Visage souriant, joues rosées et moustache bien taillées, Guy Fawkes a été le membre le plus célèbre de la conspiration des poudres, un attentat échoué contre le Parlement britannique en 1605. Arboré lors de l’Occupy Wall Street, du printemps arabe, par des militants anti-G8 et G20, et emblème des Anonymous, ce masque est un symbole pop culture de rébellion et d’insoumission.
Le Masque de Zorro de Martin Campbell (1998)
Reprises maintes et maintes fois à l’écran, les aventures de Zorro n’ont pas échappé à notre enfance déguisée. Créé en 1919, le personnage de Zorro est la définition même du héros anonyme (comme on voit aujourd’hui dans l’univers Marvel DC Comics). Vêtu d’une cape, d’un chapeau et d’un masque noir, Zorro incarne le justicier masqué qui combat les malfrats de sa ville.
Scream de Wes Craven (1996)
Etroitement inspiré du Cri de Munch et de l’Artwork de l’album The Wall des Pink Floyd, le visage blanc fantomatique de Scream fait désormais parti de l’imaginaire collectif de toute une génération. Renommé GhostFace après la sortie du premier film, ce masque est l’un des plus portés à Halloween.
Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (1974)
Quasi précurseur du genre slasher, Massacre à la tronçonneuse a mis en lumière le personnage iconique de Leatherface. Caché sous un masque confectionné en peau humaine, cet homme complètement dégénéré est dans l’incapacité d’exprimer la moindre émotion. Pour cela, trois masques lui sont à sa disposition : The Killing, The Old Lady et The Pretty Woman. Considéré comme un “grand bébé” par le réalisateur dans le documentaire The Shocking Truth, le masque qui lui permet de cacher son retard mental, représente la vengeance des individus exclus.
The Mask de Chuck Russell (1994)
Un soir, Stanley Ipkiss (Jim Carrey) trouve dans l’océan un vieux masque en bois doté de pouvoirs surnaturels. Dans cette comédie qui rend hommage aux cartoons, le masque vert fluo a des vertus extravagantes, permettant à son possesseur d’exagérer les traits de sa personnalité. Splendide !
La Piel que habito de Pedro Almodóvar (2011)
Suite à la mort de sa femme, victime de brûlures, le chirurgien Robert Ledgard met au point la technique révolutionnaire d’une peau synthétique. Dans son manoir, le docteur garde enfermé Vera, une femme cobaye dont la relation devient de plus en plus étrange. “Je crois que, probablement, si on veut parler de référence à un autre film, l’unique référence claire et concrète était précisément ce film, Les yeux sans visage, que je connais par cœur” confie Almodovar dans une interview en 2011.
Halloween de John Carpenter (1978-2021)
Egalement inspiré d’Edith Scob dans Les Yeux sans visage, le premier film de la franchise Halloween, La Nuit des masques, initié par John Carpenter a été un succès phénoménal dans le monde entier. Michael Myers est un tueur psychopathe masqué qui commet des meurtres lors de la nuit d’Halloween. Le masque devenu un symbole du cinéma d’horreur est en fait le masque de William Shatner, aka Captain Kirk, dans la série Star Trek. Comme l’indique Allociné, le producteur a élargi les yeux, ajouté davantage de cheveux puis teint le masque final en blanc. Simple mais efficace.
Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir de George Lucas (1977)
Parler masque va de pair avec, bien évidemment, Star Wars. Suite à son combat avec Obi-Wan Kenobi, Anakin, amputé et brûlé, viendra endosser le rôle obscur de Dark Vador sous un masque mythique. Même si l’armure relève de la prestance et du pouvoir du personnage, elle est avant tout essentielle à sa survie. Le masque lui permet de réguler son système pulmonaire, respiratoire et neural et d’améliorer sa vue et son ouïe.
Vanilla Sky de Cameron Crowe (2001)
Après un accident de voiture qui le rend défiguré, la vie de David (joué par Tom Cruise) va prendre un tournant inattendu. Alors que les médecins prédisaient ne pas pouvoir faire de miracle, un beau matin il se réveille avec la nouvelle inverse. Entre hallucinations et réalité, l’arrivée de ce masque va lui procurer des souvenirs désagréables, des délires psychotiques et des visions récurrentes inquiétantes.
Vendredi 13 de Sean S. Cunningham (1980)
De retour du côté des franchises dans le genre du slasher, avec le masque incontournable de Vendredi 13. Considéré aujourd’hui comme l’une des franchises les plus rentables au monde, le film a fait du personnage principal, Jason Voorhees, le tueur au masque de hockey le plus emblématique de l’horreur et de la pop culture.
L’homme invisible de James Whale (1933)
Le scientifique Jack Griffin parvient à devenir invisible, mais reste malheureusement bloqué dans cet état. Assez cocasse pour un homme invisible d’être vêtu d’un masque des plus absurdes. Merveilleusement interprété par Claude Rains, l’individu aux pouvoirs magiques est recouvert d’un ruban blanc et d’une paire de lunettes de soleil. Après avoir cherché longtemps un remède pour dissiper les effets, Jack, va prendre goût à ce pouvoir jusqu’à en devenir fou et agressif.
Orange mécanique de Stanley Kubrick (1971)
Le cinéma de Kubrick regorge décidément de masques (on aurait pu mentionner aussi L’Ultime Razzia). Dans Orange mécanique, les « Droogs », en dehors de leurs accoutrements habituels, portent un masque de carnaval grotesque, et ce, uniquement pour les scènes de viol… Ce long nez postiche, à l’image d’un pénis, illustre la violence d’Alex et le déchaînement de ses pulsions archaïques.
Donnie Darko de Richard Kelly (2001)
Un superbe masque sûrement trop sous-côté est celui de Donnie Darko. Donnie est un adolescent très intelligent et plein d’imagination mais aussi schizophrène. Somnambule, il discute la nuit avec Frank, un lapin géant au visage terrifiant, jusqu’au jour où ce dernier lui apprend que la fin du monde est imminente. Entre monstre surnaturel et pur invention, le lapin est une métaphore lugubre de l’état mental de Donnie. Alors qu’il tente d’être rassurant, son apparence squelettique et démoniaque nous fait douter de ses intentions.
>> A lire aussi : Les 10 meilleures scènes de rêve au cinéma
{"type":"Banniere-Basse"}