Malgré une intrigue SF un peu artificielle, “Les Particules”, premier long-métrage de Blaise Harrison, acte la naissance d’un cinéaste prometteur et d’un jeune comédien doué.
Tous les matins, à l’aube, P.A., le corps et l’âme engourdis par le sommeil, attend le bus qui le conduira au lycée. Dehors, il fait encore noir et froid. Les paysages montagneux inquiétants du pays de Gex défilent dans le silence. Le garçon aux cheveux mi-longs a encore le visage de l’enfance, mais sa voix ondulée entre l’aigu et le grave, le carré de son visage, prédisent une croissance fulgurante. Physique de mutant et corps inconnu… Thomas Daloz, jeune comédien et grande révélation du film, a cette grâce et cette étrangeté mêlée de l’adolescence.
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Du film d’apprentissage du film fantastique
On pourrait voir Les Particules, premier long-métrage de Blaise Harrison présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, comme le simple et énième récit d’apprentissage d’un jeune homme encore vierge (sensuellement, amoureusement), capturant dans un double mouvement les soubresauts de cet âge transitoire, l’indicible passage de l’enfance à l’âge adulte et la naissance d’un cinéaste en devenir. Or, dès le commencement, dans ce décor humide et sombre, dans les regards de ces ados filmés sans fards, ni artifices, dans les salles de classe et les campements en forêt, les parties de console et les fumages de joints, quelque chose de curieux et de bizarre palpite. Il faudra attendre la visite scolaire du LHC, accélérateur et détecteur de particules surpuissant, rejouant les conditions d’énergie du Big Bang, pour que le film s’avance définitivement sur des territoires fantastiques façon Stranger Things.
Métaphore accessoire
Circulation du désir et des atomes. La métaphore est parlante mais elle paraît un peu accessoire, voire, depuis un certain temps, systématique. À la manière d’un autre premier film français sorti récemment (Les Météorites de Romain Laguna), Les Particules semble chercher dans cette sous-intrigue SF la matière scénaristique additionnelle pour raconter (ou justifier) une histoire de trouble adolescent, de rencontre amoureuse et de montée du désir, avec l’intention trop grande de s’extraire d’un certain naturalisme à la française, modèle consumé de tant de premiers films. Pourtant, dans ces patelins sauvages, décor d’ennui et de jeu, terrain d’amitié et de petites blessures éphémères, tout semblait déjà là.
Les Particules de Blaise Harrison avec Thomas Daloz, Salvatore Ferro, Léo Couilfort (France, Suisse, 2019, 1h38)
Quinzaine des réalisateurs
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