Deux femmes fatales s’affrontent dans un médiocre thriller franco-chinois.
S’il peine toujours autant à inventer son propre imaginaire – sur le modèle de ses voisins espagnols ou nordiques –, le cinéma de genre français ne passe pas non plus l’épreuve de la délocalisation. C’est le constat assez désespérant de ces Nuits rouges du bourreau de jade, dernière expérience de coproduction franco-chinoise emballée par Julien Carbon et Laurent Courtiaud (scénaristes à l’occasion pour Tsui Hark ou Johnnie To).
Dans un Honk Kong abstrait, ce thriller polyglotte, où l’on parle français, anglais et chinois – sans que jamais cet argument textuel ne soit exploité, façon Inglourious Basterds –, oppose deux femmes fatales (Frédérique Bel, vraiment fatale) sur fond d’une intrigue vaguement perverse.
Au mépris de toute progression dramatique, le duo de réalisateurs aligne en vain les références, mêlant au hasard du budget une séquence de torture porn fétichiste (la plus inspirée), une imagerie giallo, des clins d’oeil au théâtre kabuki, et un léger parfum de serial. Tellement abîmé par son esprit de sérieux, le film se refuse même le statut de simple Z un peu chic.
Romain Blondeau