Un enfant et des robots. Quand l’empire Disney repense avec inspiration l’imaginaire Marvel.
L’absorption de Marvel par l’empire Disney n’était encore dans nos esprits qu’un mouvement de coulisses, une réorganisation de sociétés comme il en arrive si souvent à Hollywood sans que cela ne concerne trop nos vies de spectateurs. Or voilà qu’apparaît un effet plutôt inattendu : un film dont toute l’identité s’est construite sur cette fusion de capitaux, transfuge des superhéros Marvel et d’une Disney touch plus candide et familiale – sous la houlette, par-dessus le marché, du papounet de Pixar John Lasseter.
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Big Hero 6 (génial titre original, qui gadgétise ironiquement le film), malgré son ADN recomposé pour le moins explosif, est une surprenante réussite. Cueilli dans les archives les plus oubliées du catalogue Marvel, le film suit les péripéties d’une sorte de Scooby-gang d’étudiants en sciences, soudé autour d’un petit génie accompagné d’un grand robot gonflable à l’allure pataude. Le cadre est futuriste, mais pas tout à fait : conformément au comic original, l’action se déroule dans la néoville de “San Fransokyo”, projetant le film dans la nébuleuse très fin de siècle de la science-fiction japonisée, une mouture asio-californienne assez passée de mode, laissant planer un parfum de désuétude sur l’univers dépeint.
Mais il y a là surtout un beau récit d’apprivoisement de robot capable de faire résonner d’émouvants souvenirs, du Géant de fer à Wall-E. Baymax, androïde dédié aux soins médicaux transformé en robot de combat, forme un touchant personnage de machine de guerre pacifiste, Terminator rêveur à la silhouette épurée.
Les plus belles séquences sont celles qui s’accordent à son rythme lent et précautionneux : ses “éveils” prudents, traînards, sous l’œil incrédule du jeune héros qui se demande alors quelle sorte d’animal légendaire il vient de tirer du sommeil ; ou encore une fabuleuse scène de robot ivre (en fait en panne de batterie).
Autour de cette relation enfant-machine qui fait toute la beauté du film se déploie un récit d’anti-superhéros moins inspiré, plutôt drôle mais court sur pattes, fait d’un bois trop télévisuel (on sent la série animée matinale qu’un carton en salle aurait pu déclencher).
Il reste que l’image de l’apprivoisement demeure sans nul doute une des plus formidables matrices du cinéma d’animation contemporain. Il y avait Mon voisin Totoro, Le Géant de fer et plus récemment Dragons ; et il y faudra désormais compter, discrètement glissées à l’intérieur d’un film certes hybride et inégal, les tendres scènes de Hiro et Baymax de ce Big Hero 6.
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