« Librement adapté du roman de Tonino Benacquista » précise tout de suite le générique. C’est le moins qu’on puisse dire : il ne reste rien ou presque du livre, seulement un peu d’écume noctambule et déambulatoire, quelques bouts de personnages et la trame générale. Alors que Benacquista avait déjà du mal à raccorder ses souvenirs de […]
« Librement adapté du roman de Tonino Benacquista » précise tout de suite le générique. C’est le moins qu’on puisse dire : il ne reste rien ou presque du livre, seulement un peu d’écume noctambule et déambulatoire, quelques bouts de personnages et la trame générale. Alors que Benacquista avait déjà du mal à raccorder ses souvenirs de gate crasher émérite avec son histoire de vampires (mais la fin, sublime, rattrapait tout), Laurent Chalumeau (scénariste) efface toute la première partie documentaire pour se concentrer sur la quête de Jordan et Violaine. Les personnages d’Antoine et d’Etienne s’en trouvent tout rabougris, sans intérêt, délestés de toute épaisseur pour devenir des clichés dérisoires, des ectoplasmes vaguement mode. C’est d’autant plus gênant que Chalumeau égrène les mots d’auteur tout en étant incapable de trouver la moindre solution narrative un peu efficace. Pour que tout le monde comprenne bien (le public est si bête ), il insiste, redit, montre tout, ne suggère rien, et trépigne au lieu d’avancer. Le résultat est un produit si laborieux, si dépourvu de la moindre qualité de fabrication, qu’il en devient gênant : acteurs pas dirigés (même Lanvin est mauvais), image atroce, mise en scène de téléfilm, dépourvue de la moindre idée. Moins bien que Paris Dernière et Les Prédateurs de Tony Scott réunis, le film devient pathétique quand il essaie d’être drôle et juste ridicule quand il se veut « gothique ». Mais Les Morsures de l’aube est tout de même un film étrange. Car il ne reflète pas plus de désir de cinéma que de savoir-faire industriel. Avec un budget de 50 millions (mais où sont-ils passés ?), on était en droit d’espérer un peu de soin à défaut de personnalité. Or, au lieu d’essayer de faire tant bien que mal un premier film, Antoine de Caunes (bon comédien de Zilbermann et Chabrol) se contente d’illustrer platement un matériau indigent. Tout ça parce que le producteur Patrick Godeau a voulu monter un petit coup médiatique, un joli emballage chic et frime, en lui proposant de faire le réalisateur. Au-delà de leur piètre qualité, ces Morsures démontrent ce qu’on savait déjà : un certain cinéma français marche souvent sur la tête.
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