Romain Laguna montre à voir un film d’apprentissage modeste et poétique dans la France des petits boulots saisonniers.
Filmer les émois de l’adolescence sans la juger ni la stigmatiser, épouser ses gestes en évitant les tics ou un retour de morale, cela n’est pas si facile et déjà un petit exploit en soi.
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Premier film de Romain Laguna, ex étudiant de la Fémis, Les Météorites brosse le portrait d’une jeunesse, celle d’une jeune fille aux airs encore poupons (gracieuse Zéa Duprez) qui tue l’ennui d’un été en faisant un boulot saisonnier dans un parc à thème autour de la préhistoire.
Donner à voir la jeunesse flâneuse et désœuvrée des périphéries
Affectée au nettoyage d’énormes sculptures de dinosaures, cela laisse beaucoup de temps pour tomber amoureuse d’un garçon ombrageux, si possible vaguement inaccessible (Billal Agab).
Taillée dans une image naturaliste qui pourrait évoquer certaines fictions documentaires de Claire Simon (Ça brûle, 800 km de différence – Romance), cette chronique adolescente estivale se démarque par la jeunesse qu’elle donne à voir, celle des petites villes, des périphéries, flâneuse et parfois désœuvrée qui s’invente en squattant les places de villages, joue au foot et s’initie à la drague ;
une jeunesse multiculturelle rattrapée parfois par ses origines, en l’occurrence l’Algérie, sans qu’elle songe à s’en défaire et à rompre les liens avec le “pays”.
Les signes du ciel
Dans toute cette belle torpeur tournée au cœur des montagnes de l’Hérault, il manque bien une forme d’audace finale et de fronderie qui ajouterait un peu de conflit et donnerait du fil à retordre à ses personnages.
Mais Laguna croit davantage aux signes du ciel, aux catastrophes célestes et à l’alignement aléatoire des étoiles, ce qui fait aussi l’attrait et la douceur arbitraire, hasardeuse, de ce premier long métrage prometteur.
Les Météorites de Romain Laguna, avec Zéa Duprez (Fr., 2018, 1h25)
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