Vilaines filles comme femmes fatales, alter ego, duelles, amantes, inséparables sœurs terribles ou mère et fille… Le cinéma regorge de duos féminins. Contre les codes virils d’une société qui les écrase, les femmes s’unissent et percent l’écran.
Des visages, des sons, des lumières, le cinéma contient une multitude d’images qui vous marquent, dont vous gardez le souvenir pendant plusieurs années – si ce n’est toute la vie. Les accents à couper au couteau de Thelma et Louise, les moqueries des philippines de Rozier ou les larmes d’Adèle Haenel dans Portrait de la jeune fille en feu… Brunes, blondes, amies, ennemies, faisant la paire ou non, petit tour de nos duos féminins préférés.
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Les hommes préfèrent les blondes d’Howard Hawks (1953)
Vous voyez la tête d’un homme se transformer en gros diamant ? Votre meilleure amie cherche l’amour en chantant en maillot de bain au milieu des sportifs ? Vous êtes alors peut-être aussi glamour que Marilyn Monroe et Jane Russell, solidaires no matter what.
Les diaboliques d’Henri Clouzot (1955)
Désespérées, Simone Signoret et Véra Clouzot, respectivement la maîtresse et la femme d’un homme odieux, le sont à coup sûr. De cette drôle d’association naît le binôme de meurtrières le plus atypique et culte du cinéma. Encore faut-il retrouver le corps du mari fraîchement assassiné !
Adieu Philippine de Jacques Rozier (1962)
Duo espiègle, aussi inséparables que des amandes philippines, Lilianne et Juliette aimeraient briller ensemble sur le petit écran. Pourtant lorsque l’été arrive, elles abandonnent rapidement l’idée pour suivre Michel en Corse. Caméra baladeuse et jeunes filles libérées, sur fond de tubes yéyé.
Persona d’Ingmar Bergman (1966)
Plongée bergmanienne au cœur de la psyché de deux femmes qui finissent par créer un lien si profond qu’il nous en devient secret, comme la naissance d’un autre langage. Liv Ullmann et Bibi Andersson se confondent dans un miroir pour nous offrir l’un des plus beaux portraits (double) du cinéma.
https://www.youtube.com/watch?v=uMeBfzS6sag
Les Petites Marguerites de Věra Chytilová (1966)
Dans ce film de la nouvelle vague tchèque débordant de créativité, où se mélange expérimental et pop art, Marie 1 et Marie 2 sont burlesques, scandaleuses, enfantines, incontrôlables, insatisfaites et anarchistes. Punk avant l’heure, Chytilová livre un manifeste féministe coloré.
Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (1967)
Les sœurs jumelles iconiques de Demy, dans leurs tenues assorties, en ont fait rêver plus d’un, à commencer par Gene Kelly et Jacques Perrin. Chaque couleur a sa complémentaire, chaque mélodie sa variante et tout le monde voit double.
https://www.youtube.com/watch?v=Edqk-jQAm1Y
Femmes, Femmes de Paul Vecchiali (1974)
Actrices sur le déclin, elles continuent pourtant de jouer la comédie dans leur appartement parisien au doux son de l’explosion des bouchons de champagne. Drama Queens par excellence, Sonia Saviange et Hélène Surgère se donnent la réplique jusqu’à plus soif.
Céline et Julie vont en bateau de Jacques Rivette (1974)
On aurait pu citer Duelle mais aussi Le pont du Nord, tant le duo féminin est constitutif de l’œuvre de Rivette. On a choisi le film qui en inspirera bien d’autres. Céline et Julie, alias Juliette Berto et Dominique Labourier, sont envoyées dans un trip hallucinogène acidulé, entre pièce de théâtre, film et spectacle de magie.
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Opening Night de John Cassavetes (1977)
Myrtle Gordon, actrice de théâtre solitaire et alcoolique, est hantée par une jeune admiratrice décédée et perd peu à peu pied sur scène. Alors que le réel ne fait pas plus sens que la fiction, Gena Rowland tangue face à la caméra de son mari. Whisky, lumières et lever de rideau.
Recherche Susan désespérément de Susan Seidelman (1985)
Dans les petites annonces, le couple rock’n’roll, Jim et Susan (alias Madonna), se donne rendez-vous dès que possible. Roberta le sait car elle suit cette histoire depuis son salon de coiffure où elle se fait faire une permanente. Romantique elle l’est déjà, alors il ne lui reste plus qu’à, elle aussi, porter des croix autour du cou.
Thelma et Louise de Ridley Scott (1991)
Héroïnes mythiques, Susan Sarandon et Geena Davis partent en cavale dans leur Ford Thunderbird 1966 bleue. Deux amies qui se libèrent des hommes ingrats, violents et abusifs, pour un roadtrip toujours aussi jouissif que tragique, même 30 ans plus tard.
La double vie de Veronique de Krzysztof Kieślowski (1991)
Véronique vit à Clermont-Ferrand. Weronika à Cracovie. Toutes deux sont identiques ou presque. L’une s’est brûlée enfant, l’autre a failli. Deux vies en miroir qui se ratent le temps d’une fraction de seconde et pourtant restent mystérieusement liées.
La Cérémonie de Claude Chabrol (1995)
Impossible d’oublier la postière Isabelle Huppert, au sourire inquiétant et aux boucles rousses et la nouvelle domestique Sandrine Bonnaire, au regard noir et à la frange trop courte, toutes deux munies d’une carabine à plomb.
Bound des sœurs Wachowski (1996)
Entre Jennifer Tilly à la voix suave et Gina Gershon à la dégaine rebelle, il suffira d’une mallette de cash pour sceller le coup de foudre. Ambiance électrique où chacune retient son souffle face à des mafieux légèrement nerveux.
Mulholland drive de David Lynch (2001)
La jeune blonde un peu naïve, Betty Elms (Naomi Watts), vient d’arriver à Hollywood pour devenir actrice. Rita (Laura Harring), elle, brune ténébreuse, échappe à une tentative de meurtre et à un accident de voiture. À moins que cela ne soit totalement l’inverse ?
Volver de Pedro Almodovar (2006)
Almodovar, grand portraitiste de femmes – auscultant leurs désirs, leur courage ou leurs peines – creuse ici le sujet de la maternité. Avec une mère, Carmen Maura, morte mais vivante et une autre, Penélope Cruz, portant le monde sur ses épaules. Toutes deux se croisent mais ne se reconnaissent pas.
Melancholia de Lars Von Trier (2011)
Deux sœurs, deux astres opposés, Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg, se retrouvent seules pour affronter la fin du monde, causée par l’envoûtante planète Melancholia. Une fatalité magnifiée par la musique de Wagner.
La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche (2013)
Adèle s’ennuie sans se l’avouer, comme bon nombre de lycéens. Apprendre ses cours ou faire l’amour pour la première fois, tout n’est que peu exaltant. Pourtant elle a croisé le regard de cette fille aux cheveux bleus dans la rue, ça, elle s’en rappellera.
Sils Maria d’Olivier Assayas (2014)
Juliette Binoche, l’actrice, et Kristen Stewart, son assistante, travaillent et vivent ensemble au milieu des montagnes suisses où serpentent les nuages. Elles ne semblent pourtant former qu’un seul et unique corps, schizophrène, où chaque pensée trouve son écho.
Divines de Houda Benyamina (2016)
Dounia et Mamounia, les jeunes Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena, ont la folie des grandeurs au milieu des HLM. Rageuses et combatives, elles se rêvent caïds et millionnaires avant d’éclater toutes deux d’un rire communicatif.
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (2019)
Tout est question de regard. Celui de la peintre Marianne, Noémie Merlant, sur son modèle Héloïse : Adèle Haenel. Puis, celui ensuite du modèle qui scrute des heures immobiles la peintre. Et enfin le nôtre sur cette idylle qui prend feu.
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