Le parcours d’une jeune Bretonne saisie par le radicalisme politique. Avec la révélation d’une actrice : Pauline Parigot.
L’air de rien, ce premier film prend au mot le titre du texte du collectif Tiqqun, Premiers matériaux pour une théorie de la Jeune-Fille,
pour tracer d’une ligne claire et sans rodomontade la trajectoire d’Audrey, étudiante bretonne sans histoire qui bascule dans le militantisme politique le plus radical.
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Venue du documentaire, la cinéaste Bénédicte Pagnot prend son temps pour poser le cadre. Elle cueille son héroïne au sortir du bac, la regarde vivoter et se confronter aux autres. Avec une attention pour les détails qui définissent les personnages sans long discours (le père qui se remet à fumer, le plateau de fromages chez une famille bourgeoise) et expliqueraient le glissement.
Une première partie en combustion lente fait mijoter Audrey dans ses désillusions (amour, études, chômage). Elle prépare la surprise d’un récit de plus en plus nerveux et claustrophobe. Qui fait fi de son manque, parfois, de moyens pour mieux sonder son héroïne malgré tout (une poursuite nocturne sur l’autoroute, filmée en caméra subjective).
Le film confronte honnêtement diverses manières de s’engager (étudiants, syndicalistes, squatteurs en communauté) en joignant constamment la parole à l’action, pour en pointer les difficultés et contradictions.
Mais sa force réside jusqu’au bout dans l’opacité d’Audrey : malgré toutes les explications sociologiques, il reste un mystère charbonneux dans ses actions, d’autant plus que la cinéaste choisit progressivement de l’isoler et de laisser parents ou amie hors champ.
Les lendemains du titre ne sont bien sûr pas chantants ici, ni pour la jeunesse, ni pour les adultes, mais on ne s’inquiète guère pour ceux de son actrice principale, la débutante Pauline Parigot. En feu follet mutique, pleine d’énergie intériorisée, elle a tout pour brûler très longtemps à l’écran.
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