Le cinéaste vieillissant filme sa famille, ses amis, et beaucoup les femmes. Touchant et souvent drôle.
Romain Goupil vieillit et le raconte. Sur un mode qui s’inspire d’évidence du cinéma de Nanni Moretti dans sa veine autobiographique (Sogni d’oro ou Journal intime), mais avec un style qui n’a rien de morettien, il se met en scène dans son propre rôle, en sexagénaire un peu désabusé, adolescent attardé qui a du mal à supporter que les jeunes filles ou femmes ne le regardent plus que comme un dinosaure, un militant soixante-huitard éternel, un père, etc. C’est drôle constamment.
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Par ailleurs père et fils, Goupil filme aussi ses parents qui vieillissent, ses enfants qui grandissent. Et c’est très touchant, sans pathos aucun. Il réutilise aussi (sans doute un peu longuement et sans raison très évidente) d’anciennes images de Sarajevo, où il rencontra son épouse, où ses enfants ont grandi un temps.
Et puis il montre (sur le mode de la fiction pure cette fois-ci) le cinéaste au travail, obsédé par une idée dont il ne sait trop que faire : celle d’un réalisateur qui, dès qu’il tourne, déclenche une catastrophe, idée qui traverse tout le film. Noémie Lvovsky, en pleine forme, joue sa productrice, tantôt enjouée, tantôt agacée, avec sa verve habituelle. Il est un jour convoqué aussi par sa banquière (Valeria Bruni Tedeschi), qui s’avère être une fan de son cinéma… Un homme parmi les femmes, c’est aussi l’un des thèmes du film.
A la fin, dans une scène vraiment hilarante, sorte de parodie de la séquence finale de Huit et demi de Fellini, il filme avec une grande autodérision toute sa famille, tous ses personnages et tous ses amis (parmi lesquels Arnaud Desplechin, Mathieu Amalric ou Daniel Cohn-Bendit…) dans un joyeux foutoir, plein de vie, de colère et d’énergie, qui nous laisse espérer une suite aux aventures de ce cinéaste un peu mal à l’aise avec son âge, mais éminemment sympathique.
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