Une fable très contemporaine sur la misère affective compensée par le sexe ou par le travail. Un Ken Russell visionnaire. C’est peu dire qu’il a mauvaise réputation, celui-là. En un temps de minimalisme chic, le cinéma de Ken Russell, synonyme d’outrance, de provocation, de mauvais goût assumé, fait forcément tache. Pourtant, si on ne se […]
Une fable très contemporaine sur la misère affective compensée par le sexe ou par le travail. Un Ken Russell visionnaire.
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C’est peu dire qu’il a mauvaise réputation, celui-là. En un temps de minimalisme chic, le cinéma de Ken Russell, synonyme d’outrance, de provocation, de mauvais goût assumé, fait forcément tache. Pourtant, si on ne se laisse pas rebuter par l’esthétique criarde (couleurs jaune, rouge et bleue de la perruque de China Blue et des néons clignotants de la rue où elle se prostitue, bande originale pénible de l’ex-Yes Rick Wakeman), on appréciera une fable incroyablement contemporaine, et donc visionnaire à sa sortie en 1984. A travers le personnage de Kathleen Turner, executive woman le jour sous le nom de Joana, pute platine la nuit sous le pseudo de China Blue, Ken Russell filme la misère affective contemporaine compensée soit par l’excès de travail, soit par l’overdose de sexe et, en contrepoint, la difficulté de nouer une relation amoureuse dans la confiance et le partage. C’est le sujet principal du film, d’où découlent les deux personnages masculins : d’un côté Bobby Grady, l’Américain moyen englué dans une crise de couple sans issue ; de l’autre le prêtre obsédé sexuel et psychopathe, incarné par Anthony Perkins, comme un clin d’œil à Norman Bates. La nature de son personnage a poussé certains à qualifier le film de charge anticléricale. Si Russell s’est souvent attaqué à l’Eglise (voir en particulier le remarquable Les Diables), ce n’est pas son propos ici, pas plus que le sexe proprement dit, même si on voit mal comment un film aussi audacieux à cet égard pourrait se tourner aujourd’hui.
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