À une semaine d’intervalle sont sortis au cinéma deux films centrés sur des figures héroïques de journalistes.
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Dans Enquête sur un scandale d’État, le troisième film que Thierry de Peretti a tiré d’une véritable affaire, un journaliste de Libération (Pio Marmaï), enquête sur les révélations que lui fait un indic (Roschdy Zem), qui accusent le directeur de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Vincent Lindon) de pratiques elles-mêmes fort peu licites.
Dans Media Crash – qui a tué le débat public ?, Mediapart et la société de production Premières Lignes compilent plusieurs affaires récentes qui témoignent de la façon dont l’OPA sur les médias réalisées par de grands patrons met en danger la liberté de la presse et donc la démocratie. D’un côté, un polar ultra stylisé, tendu à l’extrême mais presque sans aucune scène d’action, servi par un casting génial et dont la réussite déborde du simple film à sujet (Enquête sur un scandale d’État est aussi un très beau film sur “les jours heureux”, l’été à Paris et le monde d’avant la pandémie). De l’autre, un docu de facture télévisuelle qui s’apparente plus à une compilation à charge, manquant de consistance mais ayant le mérite de décrire l’horreur de la situation actuelle.
Outre la figure du journaliste, que partagent ce polar neurasthénique et ce docu terrifiant ? Sans doute une façon de pointer en quoi l’équilibre entre les trois pouvoirs démocratiques fondateurs (législatif, exécutif et judiciaire), le quatrième pouvoir (la presse et les médias) et le cinquième (le marché et le libéralisme) est aujourd’hui dérèglé et compromet la démocratie. Une façon aussi de pointer l’incurie dont fait preuve l’État face à ce dérèglement. Si le film de De Peretti dévoile un cas où le pouvoir judiciaire a versé dans l’illégalité avec la complicité du pouvoir exécutif, celui de Mediapart se situe plutôt à l’endroit où le muselage du quatrième pouvoir par le cinquième ouvre la porte aux pires compromissions. Les deux films se débattent surtout avec la notion de vérité, celle qui se détache de l’opinion tout en passant l’épreuve du doute et du contradictoire, et c’est sans doute cette quête de vérité qui fait du journaliste d’investigation un ou une héros·oïne.
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