Une plongée dans un centre de sans-abri. A force de vouloir éviter le misérabilisme, le film peine à gagner en profondeur.
Quatre ans après Discount, Louis-Julien Petit retrouve la comédie sociale avec Les Invisibles où il dépeint le combat d’assistantes sociales dans un centre d’accueil pour femmes SDF. L’une des idées appréciables de ce film, et qui était déjà présente dans Discount, est d’éviter les écueils du pathos en développant ces personnages non comme des purs déclencheurs de larmes mais au contraire comme des corps comiques, ce qui prédomine bien souvent sur leur situation sociale dans le film.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Aussi, Louis-Julien Petit ne cherche pas à tout prix à rendre les sans-abri du centre sympathiques. Plusieurs scènes les montrent en train de se plaindre et de se disputer avec les assistantes sociales, ce qui rompt avec le cliché embarrassant du gentil SDF empli d’humanité. Si, en rejetant ce misérabilisme, le cinéaste souhaite redonner à ces corps leur dignité à l’écran, il souffre en revanche à leur construire une véritable intériorité.
Passé sa mise en place, le film s’enferme notamment dans une structure beaucoup trop systématique où les courtes saynètes purement comiques s’empilent et empêchent les femmes sans-abri de gagner en profondeur. C’est là que repose toute la contradiction du film. Les SDF ne semblent plus de simples statuts sociaux mais sont enfermées pour la plupart dans des stéréotypes comiques peu recherchés ; sort qui n’est pourtant pas réservé aux assistantes sociales interprétées par le trio Audrey Lamy/Corinne Masiero/Noémie Lvovsky. Les invisibles sont donc ici bien visibles mais leur traitement ne dépasse, hélas, jamais l’esquisse.
Les Invisibles de Louis-Julien Petit (Fr., 2019, 1 h 42)
{"type":"Banniere-Basse"}