Une pénible enfilade de sketchs et de clichés sur ces grands garnements que sont les hommes.
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Plus grand-chose ne semble résister à Jean Dujardin. “Man of the year” selon les magazines spécialisés, chouchou du public récompensé de tous les prix d’interprétation que compte la planète cinéma pour son rôle dans The Artist, l’acteur peut aussi, sur un coup de tête et une mauvaise idée, mobiliser un casting cinq étoiles autour de son nom.
Avec la complicité de son partner in crime Gilles Lellouche, il a écrit, coréalisé, et décidé de squatter chaque plan de ces Infidèles : une comédie à sketches rutilante qui voudrait renouer avec l’irrévérence de la comédie italienne des années 60-70.
Entouré de tout le cinéma français qui gagne (Michel Hazanavicius, Fred Cavayé, entre autres, aident à la mise en scène ; Guillaume Canet, Manu Payet à l’interprétation), le tandem Dujardin-Lellouche s’est donc offert pour sujet de scandale l’infidélité en amour : comment elle naît, d’où elle vient, ce qu’elle dit des hommes en 2012.
Une vaste question, à laquelle le film n’apporte heureusement pas la réponse pressentie : à aucun moment il ne fait la promotion rigolarde du supermacho et désamorce assez vite les soupçons de sexisme qu’avait entretenus l’affaire de ses affiches censurées.
Il serait même plutôt du côté de la critique, déclinant dans chaque sketch les grosses ficelles psychologiques qui mènent ses personnages à tromper leurs femmes : la misère sociale vécue comme castration chez Hazanavicius, la peur de vieillir, le poison du quotidien conjugal ou, pourquoi pas, un vieux désir pédé trop longtemps refoulé.
Entre la comédie potache, parfois réellement désinhibée, et le drame très sérieux, Les Infidèles ne décide pas vraiment : c’est du Dino Risi qui s’excuse d’être monstrueux, du Bertrand Blier normalisé, sans la bizarrerie freak de Tenue de soirée, cité pourtant en continu.
Malgré tous ses efforts pour paraître affreux, sale et méchant (rarement on aura vu personnages plus grossiers dans le cinéma français), le film aboutit à une impasse très consensuelle : l’infidèle est un type paumé, un sentimental qui s’ignore, un bon loser.
L’un des sketches les plus pénibles (il y a pourtant concurrence), celui d’Emmanuelle Bercot, nous apprend même que l’infidèle peut être une femme. Ce qui n’est pas la moindre des révélations.
Romain Blondeau
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