Mitchum prête sa fatigue naturelle au romantisme suicidaire de Ray, le temps d’un beau film triste sur le rodéo.Les Indomptables (The Lusty Men) ne compte ni parmi les films les plus célèbres de Nick Ray, ni parmi ses plus aimés. Produit par Jerry Wald et Norman Krasna lors du règne du milliardaire Howard Hugues à […]
Mitchum prête sa fatigue naturelle au romantisme suicidaire de Ray, le temps d’un beau film triste sur le rodéo.
Les Indomptables (The Lusty Men) ne compte ni parmi les films les plus célèbres de Nick Ray, ni parmi ses plus aimés. Produit par Jerry Wald et Norman Krasna lors du règne du milliardaire Howard Hugues à la RKO, son élaboration un brin hasardeuse (le scénario fut écrit au jour le jour par différents scénaristes) n’a pas empêché Ray de signer un film personnel et émouvant, dans lequel sa sensibilité d’écorché vif et la modernité de son travail brillent par leur évidence. En quête d’humanité et de vérité, Ray accorde une attention particulière à la direction d’acteurs. Tourné à l’économie, dans le décor quotidien de l’Amérique rurale, Les Indomptables permet à Ray de dresser le portrait d’un personnage
comme il les affectionne : autodestructeur, marginal, déphasé. Ici, Robert Mitchum campe un champion de rodéo au bout du rouleau qui accepte d’entraîner un employé de ranch avide de victoires et tombe amoureux de sa femme. La mort et l’échec rôdent autour de l’arène. Le rodéo symbolise le simulacre du rêve américain, et la domestication sous forme de kermesse de la vie dangereuse des pionniers et des cow-boys, sa dégénérescence. Dans une très belle scène, Mitchum visite de nuit une baraque en ruine où il a passé son enfance, et évoque avec un vieil homme le temps passé et son souhait de racheter la maison. Vingt ans plus tard, Ray tournera un film expérimental avec ses étudiants, We Can’t Go Home Again.