Paul Verhoeven invite le public à coréaliser son prochain film, Francis Ford Coppola part en tournée avec son projet de film remixé, Woody Allen demande aux belges de lui écrire un scénario. Les grands auteurs mènent la révolution du cinéma participatif.
Après les adaptations de Philip K. Dick (Total Recall), Robert A. Heilen (Starship Troopers), ou le fidèle Josef Eszterhas (Basic Instinct, Showgirls), le cinéaste néerlandais Paul Verhoeven a trouvé une nouvelle source d’inspiration pour son dernier projet, dont la sortie est prévue en 2012. A 73 ans, l’auteur de quelques uns des plus grands films de SF, récemment reconverti aux réseaux sociaux, se rendra le 4 octobre au MIPCOM (le marché international des contenus audiovisuels de Cannes) pour y présenter son nouveau concept, totalement inédit : un film participatif coréalisé avec des internautes.
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« L’idée est de faire un film de 30 minutes en 8 parties : nous avons demandé au public d’exprimer sa créativité pour écrire le scénario et réaliser le film » expliquait le cinéaste le 21 septembre en conférence pour son label, Entertainment Experience (une société de production 2.0). Au-delà du simple gimmick promotionnel, ce projet collectif imaginé depuis des années par Paul Verhoeven traduit bien le nouvel intérêt des grands cinéastes pour les écritures ou tournages participatifs, initié par Ridley Scott et sa production Life in a Day, mosaïque You Tube de vidéos amateurs diffusée l’année dernière.
Le remake de films anonymes
Pour mener à bien son projet, Paul Verhoeven s’est associé à l’opérateur Internet Ziggo, au réalisateur Martin Koolhoven (chargé de recruter les participants), et à l’actrice-scénariste Kim van Kooten. A partir des premières lignes d’un scénario fictif (« La famille Albrecht est assise à table… « ), les internautes sont invités à imaginer une histoire et réaliser un court-métrage de 3 minutes. Les meilleurs films, envoyés via Internet, seront ensuite sélectionnés par Paul Verhoeven et assemblés au projet, dont l’objectif est de révéler les futurs réalisateurs de l’industrie du cinéma néerlandais :
« Il y a tant de gens, 16 millions, je suis persuadé que nous avons beaucoup de talents ici, a expliqué Paul Verhoeven en marge de sa conférence de presse. Mais personne n’avait jamais essayé ce genre d’initiative avant. L’idée a certes déjà été expérimentée dans des shows télévisés, mais jamais au cinéma. »
Le projet n’est pas qu’une simple audition mais fonctionne sur la base d’une « interaction » entre le public et le réalisateur, précise au Screen Daily le producteur du film (FCCE). Les courts-métrages des internautes sélectionnés seront ainsi reproduits par Paul Verhoeven, et l’ensemble (films originaux et remakes) sera intégré à un montage commun de 30 minutes, dont la diffusion est prévue pour 2012 – « sans aucune ambition commerciale », a répété le cinéaste, qui n’a pas tourné depuis cinq ans (Black Book).
Toujours en pré-production de son film d’époque De stille Kracht (dont aucune date fixe n’est encore avancée), Paul Verhoeven pourrait bien revenir plus rapidement aux affaires grâce à ce projet participatif, qu’il n’exclut pas de décliner en long-métrage, a expliqué son producteur. Un « nouveau souffle » pour le néerlandais, provoqué par la découverte des dernières techniques de tournage/montage et du cinéma participatif.
Coppola, Twixt, et l’Ipad
Avant Paul Verhoeven, d’autres cinéastes s’étaient laissés tenter par l’expérience participative : David R. Ellis qui, pour assurer le buzz autour de sa série B Des Serpents dans l’avion, avait convié le public à participer à l’écriture du film sur Internet ; ou Woody Allen qui avait invité les belges à rédiger le scénario de son prochain film (pour l’instant sans réponse). Mais c’est Francis Ford Coppola qui, le premier, a vraiment expérimenté le cinéma 2.0.
L’auteur américain présentait en juillet dernier au Comic-Con son nouveau film, Twixt : une ghost story tournée en DV, et partiellement en 3D. Mais aussi « une expérience collective », expliquait le réalisateur : un work in progress dont le montage évoluera au fil de projections spéciales en fonction des réactions du public.
En collaboration avec son compositeur Dan Deacon, Francis Ford Coppola partira début octobre pour une tournée Twixt à travers les Etats-Unis. A chaque projection (plus de trente dates sont fixées), les deux hommes modifieront le montage en temps-réel via un logiciel sur Ipad en interaction avec le public. Une véritable performance, expliquée en détail au dernier Comic-Con, et une première dans la carrière du cinéaste américain qui, après le numérique (initié dès L’Homme sans ombre), s’oriente vers une nouvelle forme de cinéma participatif.
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