Un été en Suède, une ado canon, des balades en scooter, un Œdipe softcore : un petit film charmant.
On pourrait les appeler les films minidoux, ces chroniques d’été d’une légèreté de plume, installées dans l’adolescence comme au creux d’un nid douillet, occupées à filmer un envol sans entraves plutôt que de chercher à en saisir les possibles écueils. Ce règne léger de l’hébétude estivale, sans que jamais le drame n’y soit convié, est au centre du premier long métrage d’Anna Novion.
Sa trame pourrait tenir dans un mouchoir de poche : Jeanne, 17 ans (Anaïs Demoustier), et son père (Jean-Pierre Darroussin), bibliothécaire frustré vaguement engoncé dans ses principes, vont passer leurs vacances d’été dans une maison sur une petite île suédoise. Un quotidien s’installe, entre recherches d’un mystérieux trésor viking et exposés paternels plutôt rasoirs, déjeuners partagés avec la propriétaire du lieu et une amie, et le désœuvrement docile de la jeune fille. Heureusement pour elle, l’île compte parmi ses habitants quelques jeunes Suédois, dont un certain Per, qui lui fait découvrir les charmes de la région en scooter, l’invite à un concert, la drague. Le film nous entraîne sur le terrain des désirs qui se cherchent, se nouent et se dénouent, sous le regard paternel, à la fois perplexe et jaloux. Car ces vacances scellent bien sûr une déliaison – la fameuse : celle entre un père et sa fille, filmés ici comme deux amants platoniques, lui bougon (l’enthousiasme rabroué de Darroussin), elle gagnée par l’envie urgente de s’éclipser (yeux de biche frémissants d’Anaïs Demoustier). L’actrice, qu’on a déjà vue chez Honoré, ou dans le beau film d’Isabelle Czajka, L’Année suivante, incarne avec beaucoup de grâce cette impatience propre à l’adolescence, lorsque naît le sentiment – d’abord fragile, bientôt impérieux – que la vie se joue ailleurs qu’autour de la table familiale. Le rapport père-fille se voit donc transformé par le simple fait que chacun se (re)découvre une sexualité : l’Œdipe se recalcule sur la base d’une étreinte sur la plage d’un côté, d’un assaut féminin dans le hamac du jardin de l’autre. Et sans doute la flore suédoise est-elle l’écrin rêvé pour accueillir ces brefs ébats salutaires : espaces vierges, nature luxuriante, un grand bol d’air et de lumières dorés. Une somme de paysages joliment captés qui viennent parfaire le tableau de ces amours fugitives. A la fin des vacances, on se souvient : Les Grandes Personnes nous a conté mine de rien la fin d’une idylle, le début d’une autre, le tout passé au filtre d’une mise en scène aux propriétés adoucissantes.
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