Dans un hôtel, une femme découvre un gouffre sous son lit. Un conte mystérieux.
Le professeur Lebrun arrive avec son épouse dans une contrée lointaine pour y explorer des gouffres à peine découverts. L’énoncé à la Tintin fleure un peu le XIXe siècle mais, quoique le début donne le change, il est trompeur.
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L’essentiel se déroule en effet dans le baroque hôtel désert où l’épouse anxieuse attend le retour de son mari parti crapahuter sous terre. Remarquable tension psychologique, émaillée de détails étranges (dont l’apparition dérangeante d’une femme de ménage anglophone), qui pourrait établir de légères correspondances avec Shining.
Mais cela décolle pour ainsi dire du réel lorsque la femme découvre à son tour un gouffre sous son lit, dans lequel elle s’aventure. Plongée évidemment métaphorique. Cauchemar, folie, où l’héroïne s’égare et perd pied. Glissement progressif vers l’irrationalité que le cinéaste décline de multiples façons.
On est constamment désarçonné par ce jeu subtil entre le monde tangible
et l’inconscient du personnage matérialisé par ces plongées et ces errements, dont on ignore jusqu’où ils peuvent aller et ce qu’ils recèlent de dérèglements internes.
C’est précisément cette incertitude, ce jeu entre le fantasme et une réalité quasi scientifique qui fait des Gouffres un objet séduisant et mystérieux d’un bout à l’autre. D’autant plus mystérieux qu’il pourrait bien n’être qu’une parenthèse (une simple projection mentale) dans la vie d’une actrice incarnant Liú dans une adaptation filmée du Turandot de Puccini. Beau et intrigant.
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